Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850/T

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TRELLIARD (Anne-François-Charles), comte[modifier]

Né à Parme (Italie) le 9 février 1764, entra au service comme cadet-gentilhomme le 6 novembre 1780. Sous-lieutenant en 1781 au 6e de dragons, lieutenant en second le 28 avril 1788, lieutenant surnuméraire à la formation du 4 mai suivant, lieutenant à la formation du 1er mars 1791, il passa avec le même grade au 3e régiment de chasseurs le 25 janvier 1792. Capitaine le 6 août de la même année, il fit les premières campagnes de la Révolution aux armées de Champagne, de Belgique et du Nord, et reçut le grade de chef d’escadron au 11e régiment de chasseurs à cheval le 7 avril 1793. Chef de brigade du même régiment le 15 fructidor an II, il servit aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse. — Le 1er brumaire an III, au village de la Tour-Blanche, en avant de Coblentz, avec des forces inférieures, il culbuta la cavalerie ennemie, la poursuivit, lui prit 200 chevaux, et mit plus de 200 hommes hors de combat. — Toujours à l’avant-garde du général Moreau, Trelliard assista au blocus de Mayence. — En avant de Kreutsnack, il s’élança à la tête de son régiment, enfonça l’ennemi, entra pêle-mêle avec lui dans la ville, et fit 2.500 prisonniers. À la bataille de Neuwied, il enleva des redoutes et fit 2.000 prisonniers. — Nommé général de brigade le 24 fructidor, il fut envoyé en Hollande et prit le commandement de la cavalerie. Il fit ensuite partie de l’armée gallo-batave. À Forkem, il contint, avec un faible corps de cavalerie, un nombreux corps autrichien. — Membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, et commandant de l’Ordre le 25 prairial, il eut un commandement de troupes à cheval à Saint-Omer. En l’an XIV, il commanda une brigade de cavalerie du 5e corps de la grande armée. Au combat meurtrier de Wertingen, le 16 vendémiaire, il chargea l’ennemi à la tête des 9e et 10e de hussards, le mit en déroute, s’empara de trois pièces d’artillerie et fit 800 prisonniers. — Il prit une part glorieuse aux batailles d’Ulm et d’Austerlitz. — Le 10 octobre 1806, au combat de Saalfeld (Prusse), il exécuta contre les Prussiens une charge admirable qui livra aux Français 6.000 prisonniers, trois généraux, plusieurs drapeaux et trente pièces de canon. Il se distingua au combat de Pultusk, et y fut grièvement blessé. — L’Empereur le nomma général de division le 30 décembre 1806, et, par décret du même jour, il l’autorisa à se rendre en France pour s’y rétablir de ses blessures et pour être employé ensuite à l’inspection des dépôts de cavalerie. — En août 1808, il commandait les troupes à cheval réunies à Pau. Créé comte de l’Empire, il fut mis à la disposition du major général, qui l’employa à l’armée d’Espagne. Envoyé dans la Manche, il prit le commandement de cette province et celui de la 4e division de dragons, et dispersa les corps nombreux de guérillas qui infestaient ces contrées. — Le 16 janvier 1812, il battit complètement, à Almagro, le général Morillo, le chassa de la province et lui fit un grand nombre de prisonniers. Le 1er janvier 1814, il reçut l’ordre de se porter en Champagne avec la division de cavalerie qu’il commandait. — Le 15 février, il arriva à Nangis au moment où une action s’engageait ; il chargea impétueusement l’avant-garde russe avec ses dragons, la culbuta, lui prit 16 pièces de canon, fit 5.000 prisonniers, et la poursuivit jusqu’à Provins. À Arcis-sur-Aube, il soutint la retraite du maréchal Oudinot, malgré le feu terrible de l’artillerie ennemie. — Nommé gouverneur de Bellisle-en-Mer au mois de juin 1814, et chevalier de Saint-Louis le 8 juillet, il obtint sa retraite le 18 octobre 1815. Compris dans le cadre de réserve le 7 février 1831. le général Trelliard fut réadmis à la retraite le 1er mai 1832, et mourut le 14 du même mois. — Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Est.

TRUGUET (Laurent-Jean-François)[modifier]

né le 10 janvier 1752, fils d’un chef d’escadre, entra garde de la marine, obtint peu d’années après plusieurs prix, décernés par Louis XV aux gardes les plus instruits, et avait déjà fait huit campagnes en 1778, lors de la déclaration de guerre à l’Angleterre. Il servait dans cette guerre sous les amiraux d’Estaing, de Guichon, de Grasse et de Vaudreuil ; il prit part, dans les années 1778 et 1779, aux expéditions de terre de l’amiral d’Estaing, lui sauva la vie à l’assaut de Savannah et reçut la croix de Saint-Louis en 1780.

En 1784, il coopéra aux travaux imposés à M. Choiseuil-Gouffier, ambassadeur à Constantinople, et était chargé d’instruire les Turcs dans l’art des fortifications, de l’artillerie, de la fonderie, de la construction des vaisseaux, etc. M. Truguet commandait une corvette pendant cette mission qui dura quatre ans et demi, et seconda parfaitement les vues du gouvernement.

De retour en France en 1789, il fut envoyé à Brest en 1790 pour y prendre le commandement d’une frégate destinée à une mission que les événements empêchèrent. Il fit alors un voyage en Angleterre pour y compléter ses connaissances nautiques, fut élevé à son retour au grade de contre-amiral, reçut en avril 1792 le commandement des forces navales de la Méditerranée, s’empara, par ordre du ministère, de Nice, de Villefranche et d’Oneille, tandis que le général Montesquiou s’emparait de la Savoie. Il fut chargé cette même année de coopérer, avec sa flotte, à la conquête de l’île de Sardaigne ; se disposait à bombarder Cagliari, lorsqu’une insurrection qui éclata parmi les troupes de débarquement l’obligea à lever le siège et à les rembarquer.

De retour à Toulon en mars 1793, il se rendit à Paris ; il obtint un Code pénal pour prévenir désormais l’insurrection, et à la suite de la fameuse journée du 31 mai, fut destitué, puis emprisonné lors de la publication de la loi des suspects. Mis en liberté à la mort de Robespierre, on le nomma ministre de la marine. Pendant ses deux années de ministère, il rétablit la discipline, créa des régiments d’artillerie, rappela tous les anciens officiers, s’occupa des colonies, fit reprendre l’offensive sur les Anglais, présenta au Directoire, qui l’adopta, un projet d’armement de forces navales pour jeter 30.000 hommes en Irlande, sous les ordres de Hoche, et 60.000 sur les côtes d’Angleterre et d’Écosse ; envoya dans les Indes une division de frégates pour combattre les Anglais, etc., etc.

Après la révolution du 18 fructidor, le portefeuille de la marine lui fut ôté et on lui donna pour dédommagement l’ambassade d’Espagne, que des ennemis puissants parvinrent à lui faire enlever. Exilé sous différents prétextes, il se retira en Hollande et y resta neuf mois. Une nouvelle révolution dans le Directoire le rappela à Paris. À son retour d’Égypte, Bonaparte lui offrit le ministère de la marine, qu’il refusa ; il fut nommé conseiller d’État.

En 1802, il reçut le commandement de l’armée navale combinée, réunie à Cadix, avec le titre éminent d’amiral en chef. À son pavillon amiral devaient se rallier les escadres de Linois, de Gantheaume et de Decrès. Si de pareilles mesures avaient été prises plus tôt, il est vraisemblable que l’Égypte, Malte et toute la Méditerranée restaient à la France. La paix d’Amiens ramena l’amiral à Paris.

Après la rupture de ce traité, Bonaparte confia à Truguet l’organisation de l’armée navale de Boulogne. Bientôt vingt et un vaisseaux furent prêts à recevoir l’armée expéditionnaire.

Lorsque le Tribunat conféra à Napoléon le titre d’Empereur, Truguet, dans une lettre devenue historique, exprima au premier Consul les motifs de son refus d’adhésion. Cette lettre lui valut une disgrâce qui dura cinq ans.

En 1809, l’Empereur l’appela au commandement des débris de l’escadre de Rochefort, incendiée par les Anglais dans la rade de î’ile d’Aix.

L’année suivante, Napoléon lui confia la haute administration maritime de la Hollande. Repoussé par l’invasion étrangère, Truguet fut un des derniers à quitter le poste qui lui avait été confié. L’amiral Truguet revint alors à Paris où Louis XVIII le rétablit en activité de service à la tête du corps de la marine, et le créa grand-croix de la Légion-d’Honneur. Pendant les Cent-Jours, il ne reçut de Napoléon ni mission, ni faveurs.

À la seconde Restauration, il fut chargé du commandement supérieur de Brest, et reçut l’ordre de préserver l’arsenal de cette ville de l’occupation des troupes étrangères qui s’en approchaient. Il y réussit, et, en récompense, Louis XVIII lui conféra la dignité de grand’croix de l’ordre de Saint-Louis, le titre de comte, celui de Pair (le 5 mai 1819).

À la suite de la révolution de Juillet, M. Truguet fut élevé à la première dignité de l’État, celle d’amiral ayant toutes les prérogatives des maréchaux de France.

Il est mort en 1839, âgé de 87 ans.

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