Les Capozzoli et la police napolitaine

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LES CAPOZZOLI
ET
LA POLICE NAPOLITAINE[1].

La province de Salerne fut une de celles qui embrassèrent avec le plus de chaleur les principes de la révolution napolitaine de 1820, et partant elle fut cruellement maltraitée par la réaction parjure de 1821. Dès cette époque elle eût constamment pour intendans (préfets) des hommes violens, attachés au système d’inquisition et de rigueur suivi par le gouvernement.

Là, plus qu’ailleurs, on avait détourné le sens des termes, et le mot de police, au lieu d’indiquer cette surveillance protectrice qui assure le repos et la sécurité publique, ne désignait plus qu’une science infernale dont le but semble la désunion des familles et le relâchement des liens sociaux.

Les suppôts de ce tribunal inique sont comme autant de génies malfaisans attachés aux pas du citoyen. Ce ne sont plus les crimes que l’on châtie, mais on va fouiller dans les cœurs pour y surprendre les pensées. On crée des délits pour les punir. Nulle sécurité pour l’honnête homme. La délation est en honneur et sert aux inimitiés privées. Le prêtre vend le secret du confessional : le fils craint un délateur dans son père, le père dans son fils unique. L’arbitraire lève une tête impie sur les ruines de la justice, et la terreur impose silence aux murmures.

L’histoire a peu d’exemples d’une si longue opiniâtreté dans la colère, d’une tenacité si constante dans la vengeance. Je craindrais d’être accusé d’exagération et d’injustice, si un long séjour dans les provinces napolitaines en me mettant en rapport avec les habitans et les autorités, ne m’avait fait voir à nu la misère des uns et la violence des autres. Dans l’été de 1828, un mouvement insurrectionnel se manifesta dans la province de Salerne, et se propagea jusqu’à Salerne même. Il fut bientôt étouffé dans la ville, mais la révolte se retrancha dans le Cilento, où elle était née, et prit une attitude menaçante.

Le Cilento est la partie la plus méridionale de la province. Il s’étend des plaines de Pestum jusqu’au golfe de Policastro. La nature y est d’une fertilité merveilleuse. On recueille le coton dans les vallées, la manne dans les bois, et l’on pêche le corail dans les mers de Camarota. Les figues y sont d’une qualité si exquise, qu’elles étaient déjà célèbres dans l’antiquité sous le nom de caricœ, et passaient pour la nourriture des dieux. C’est là que fleurissaient les fameuses roses de Pestum, et le climat d’Agropoli était si doux, que les arbres produisaient en hiver des fleurs et des fruits, et que les jeunes filles (au dire des anciens) y perdaient leur virginité par la seule mollesse de l’air.

Ces mêmes plaines sont aujourd’hui converties en maremmes insalubres comme les plages romaines d’Ardée et de Lavinie.

Là aussi la nature morte s’anime du prestige des ruines et des souvenirs. Et sans parler de cette Pestum, ville phénicienne, dont les temples sont le monument le plus pur et le plus gracieux de l’Italie, c’est dans le cœur du Cilento qu’était Vélia, chantée par Horace et aimée de Cicéron. Des murailles en ruines, des marbres brisés, des colonnes couchées sous l’ellébore et les lentisques, attestent tristement son existence dans une solitude battue par la mer et peuplée par les palombes.

Plus loin est ce port de Palinure, illustré par Virgile, où l’on montre encore le sépulcre du pilote d’Énée ; à quelque distance, au pied de la Molpa, montagne verte et riante, on découvre les vestiges d’une ville mystérieuse qui éveille la curiosité de l’antiquaire et la superstition du pâtre.

Mais ces lieux poétiques sont bien changés. Des villages hideux de saleté ont remplacé les cités grecques. Une population souffrante et décimée par la misère, entassée dans de chétives masures, y végète, étrangère à tout, et sans ressources comme sans besoins d’intelligence.

J’y ai trouvé cependant des vertus antiques. J’ai été de sa part l’objet d’une hospitalité qui n’était pas sans courage et sans péril, sous l’œil d’une police sombre et jalouse.

C’est là que s’était réfugiée l’insurrection. Il faut le dire, vague, partielle, mal conduite et trahie, elle portait tous les caractères d’un mouvement de police. Il y a même tout lieu de croire (et c’est l’opinion générale) qu’elle fut provoquée par le gouvernement lui-même, qui voulait se défaire de quelques hommes suspects de carbonarisme.

Si offensant que soit un pareil soupçon, je le crois fondé, et il paraîtra tel à quiconque est initié dans les allures tortueuses de la cour de Naples et connaît ses habitudes d’immoralité. Des données recueillies sur les lieux n’ont fait que justifier cette opinion.

Il est prouvé, par exemple, que cette révolte, concentrée dans le Cilento, n’avait pas de ramifications en dehors de la province. Cependant le ministère feignit d’y voir un grand projet de soulèvement national, et sous le frivole prétexte de complicité, fit de nombreuses arrestations jusque dans l’Abruzze.

D’ailleurs, c’est la tactique du cabinet napolitain. Punir les délits dont il est l’auteur, lui semble le nec plus ultrà de la politique, le secret du gouvernement, et depuis dix ans, il exploite à son profit cet odieux système de provocation.

Le duc de Blacas était alors ambassadeur de France à Naples, et son nom est mêlé à ces trames sanglantes ; je dis sanglantes, car le sang a coulé. Il est accusé d’avoir été le conseiller du roi, et d’avoir poussé aux vengeances une cour déjà si implacable dans ses haines : « Sire, il faut des têtes ! » est un mot que lui prêta alors la voix publique. L’a-t-il prononcé ? Je l’ignore ; mais ce que je sais, c’est que des cris accusateurs s’élevèrent contre lui ; que son intervention passait pour fatale, et que d’un ministère grand et national, il avait fait un instrument de passions et d’injustice.

Jamais un Français soupçonné d’opinions libérales n’a trouvé appui et protection chez l’ambassadeur de son roi contre les vexations de la police napolitaine. J’en appelle à Naples tout entière.

Et la France n’a-t-elle pas retenti du nom de Galotti ? Compromis dans ces mêmes troubles dont j’esquisse ici quelques traits, et réfugié en Corse, il fut arraché du sol libre de France, et livré aux vengeances de Naples sans que l’ambassadeur s’élevât contre cette violation du droit des gens. Il gémit long-temps dans les cachots, et ne fut rendu à une tardive liberté que lorsque l’indignation de l’opposition française, devenue publique, eût intimidé la colère du roi de Naples.

Certes, je ne rappelle point ici la part que le duc de Blacas semble avoir eue dans les conseils de ce monarque, pour insulter à un homme en disgrâce, ni à la dynastie déchue qu’il représentait. Loin de moi un motif aussi bas ! Je rapporte des faits qui appartiennent au domaine de l’histoire et que j’ai recueillis sur place[2].

Je les ai dits pour apprendre à la France que, compromise par ses ministres, elle a pu passer aux yeux de l’étranger pour complice de l’iniquité et de la violence ; je les ai dits pour apprendre aux gouvernements à ne pas choisir des représentans dont la nation ait à rougir, et dont ils aient à se repentir eux-mêmes. Tout autre motif serait un outrage à mon caractère.

Cependant l’insurrection du Cilento semblait prendre un caractère plus sérieux que le gouvernement ne l’avait prévu, car la mine pratiquée par l’assiégeant contre la ville assiégée peut le faire sauter lui-même. Poussés à bout par une oppression longue et systématique, séduits par l’espoir d’un avenir meilleur, des hommes sincères y avaient pris part, sans avoir calculé les moyens de succès ; ils avaient donné leur confiance à ce qui n’en méritait point, et ceux dont la tête n’est pas tombée expient dans les cachots et dans les bagnes leur crédulité.

Trois frères du Cilento, nommés Capozzoli, étaient descendus en athlètes francs et courageux dans cette arène de déception. À la tête de quelques hommes résolus, ils parcouraient le pays, s’efforçant de rendre l’insurrection générale. Ils brûlaient les télégraphes, afin de rompre toute communication entre les autorités et la capitale, et attaquaient les gendarmes qui escortaient les deniers de l’état.

Des troupes s’avançaient sous les ordres du général Carreto. Protégés par la nature physique du pays, les Capozzoli auraient pu faire une longue résistance, s’ils eussent été secondés. Le Cilento est un sol montueux, coupé de vallées profondes, et sillonné de torrens sans ponts. Il n’est pas traversé par la grande chaîne de l’Apennin : elle court plus à l’est ; mais la Stella et les monts de Novi, qui en sont des ramifications, l’égalent presque en hauteur.

Il n’y a point de routes dans le pays ; il n’y a d’autres moyens de communication que des sentiers scabreux, et impraticables à la cavalerie et à l’artillerie[3]. C’est la même nature qu’en Calabre, et l’armée française doit savoir qu’on ne pénètre pas impunément dans ces âpres contrées. Le débarquement n’est pas facile, car les côtes ne présentent, à peu d’exceptions près, que des rochers à pic. C’est un pays taillé pour une guerre de guérillas.

Mais les Capozzoli n’en étaient pas là : la gazette officielle avait soin de les qualifier de brigands, c’est-à-dire d’hommes qui en voulaient aux fortunes privées. C’est ainsi qu’on appelait les Vendéens et les Calabrois.

Soit que la tactique du gouvernement eût réussi, soit que l’on n’eût aucune foi dans un soulèvement, les Capozzoli furent abandonnés. Ils errèrent quelque temps de forêts en forêts, de villages en villages, et trouvèrent presque partout une courageuse hospitalité.

Carreto, investi d’une sorte de dictature, entra dans le Cilento, et y répandit la terreur par une sévérité inouie.

Le village de Bosco est brûlé et rasé pour avoir donné asile aux fugitifs ; les arrestations se multiplient ; les cachots s’ouvrent ; le sang coule, et les trois frères, traqués de bois en bois, trouvent le moyen de s’embarquer pour la Corse, et y cherchent un refuge. Mais effrayés sans doute par l’arrestation de Galotti, et considérant dès lors le sol français comme un asile peu sûr, ils se rembarquèrent imprudemment, et revinrent dans ce Cilento où la mort les attendait. Ils y restèrent cachés encore plusieurs mois.

J’ai parcouru cette province au mois de mai 1829, précisément dans le temps qu’on était à leur recherche. J’allais en Sicile à travers les Calabres et curieux de ces marines inconnues, des ruines de Vélia, du port de Palinure, et du golfe de Policastro que mon imagination me peignait comme un lieu de délices, je m’étais aventuré seul dans ces contrées malheureuses.

Le deuil et la terreur y régnaient ; tous les agens de la police étaient en mouvement ; les gendarmes couvraient le pays, les gardes urbaines étaient sous les armes, la consternation dans les familles, et la liberté individuelle outragée.

Elle ne tarda pas à l’être dans ma personne. Mon isolement, ma manière de voyager éveillèrent les soupçons ; on me prit pour quelque carbonaro déguisé, et malgré un passeport signé du préfet de police de Naples, je fus arrêté dans un petit village près de Palinure, et conduit par deux gardes urbains au Vallo, chef-lieu de la sous-intendance.

Le sous-intendant me traita avec beaucoup d’égards, en ma qualité d’étranger ; toutefois il envoya mon passeport à l’intendant de Salerne, afin de prendre ses ordres. Après cinq jours d’attente, ils arrivèrent, et on me permit de continuer ma route en me traçant mon itinéraire. Cette petite aventure me valut une dénonciation en forme au marquis Intonto, ministre de la police générale, et il lança contre moi une circulaire qu’il pensa m’être fatale en Sicile quelques mois plus tard.

Les prisons du Vallo étaient pleines, et à chaque instant j’entendais les chaînes de nouveaux prisonniers qui passaient sous ma fenêtre. Les habitans n’y prenaient plus garde : il en passait tant ! Afin de les intimider davantage, le gouvernement avait imaginé un raffinement de barbarie qui n’est pas de ce siècle. Toutes les têtes tombées sur l’échafaud étaient exposées dans des cages de fer, de manière que les femmes et les enfans avaient sous les yeux la tête sanglante de leur mari et de leur père.

Le Vallo a plusieurs de ces affreux trophées ; il y en a dans tous les villages, et jusque sur le poétique promontoire de Palinure. J’ai vu la tête d’un vieillard dont les cheveux blancs, souillés de sang, flottaient au haut de la pique où elle était plantée, devant sa propre maison ; et (ce qui est horrible à dire !) les habitans étaient faits à ce spectacle.

C’est sous le plus beau ciel du monde, en présence d’une nature ravissante, au milieu du parfum des orangers en fleurs, que l’homme rêve et exécute de telles atrocités ! Je me demandais si la mollesse de l’air ne devait pas adoucir ces âmes, si l’éclat des cieux, les fêtes du printemps, n’invitaient pas à l’oubli et à la concorde ; ils ne servaient, hélas ! qu’à rendre plus douloureuses ces scènes lugubres.

Le ministre de ces vengeances, le général Carreto a laissé un nom de sang dans ces provinces. Le jeune roi vient de récompenser de si glorieux antécédens, en l’appelant au ministère, et l’on prétend nous faire croire aux bonnes intentions de S. M. napolitaine !

Quand je repris ma route vers les Calabres, la retraite des Capozzoli n’avait point encore été découverte, et je partis en faisant des vœux pour qu’elle ne le fût pas : ils ne furent pas exaucés.

Le roi s’étonnait que ses limiers fussent si long-temps en défaut, et allait sans doute ordonner un redoublement de rigueur, lorsque son premier ministre, le chevalier Medici, lui dit : « Sire, que ne mettez-vous à prix la tête des rebelles. Il n’y aura pas un ami qui ne vende son ami, pas un frère qui ne vende son frère. »

Ce fut là un trait de lumière : le noble conseil fut suivi, et l’événement ne justifia malheureusement que trop la triste prophétie du ministre de corruption.

Les Capozzoli avaient à Perito, petit village au pied de la Stella, un ami d’enfance qui, ému de compassion, leur donna asile. C’était en effet un spectacle touchant que celui de ces trois frères, si étroitement unis par une communauté de courage, de malheur et de proscription, seuls contre tant d’ennemis ; mais ce qui était bien plus touchant encore, c’était de voir un ami se charger de l’anathème, les recueillir sous son toit, et les protéger contre une telle colère.

Pendant trois mois, il les tint cachés dans sa maison, leur portant lui-même à manger, et pendant trois mois, sa fidélité et sa sollicitude ne se démentirent pas un jour ; il paraît que sa famille même ignorait son dévoûment, et qu’il avait pris sur lui seul cette terrible responsabilité : au moins, c’est ainsi que la chose m’a été racontée.

Le décret qui mettait à prix la tête de ses hôtes ne tarda pas à être connu ; ce fut pour lui comme une tentation de l’enfer. Soit qu’il s’effrayât de sa propre audace, ou que la soif de l’or fût en lui plus forte que la crainte des dangers qu’il avait affrontés avec tant de générosité, il y succomba ; il trahit une amitié d’enfance, une hospitalité si constante et si héroïque, et promit de livrer ses hôtes.

La nuit du 17 juin fut fixée pour l’accomplissement de cette œuvre de perfidie. Ce jour-là, il avait marié son fils, et la nuit devait se passer en réjouissances. Il invita les trois frères à y prendre part, les assurant qu’il n’y avait que des amis dévoués, et qu’ils n’avaient rien à craindre.

Les Capozzoli tombèrent dans le piége, et comment l’auraient-ils évité ? Comment l’ombre même d’un soupçon pouvait-elle entrer dans leur cœur ? Ils descendirent donc dans la salle du festin, et se livrèrent sans défiance à la joie commune.

Tout à coup une grande rumeur se fait entendre, et les gendarmes se précipitent dans la salle pour s’emparer des Capozzoli. Les trois frères résistent, et le combat s’engage. Le sous-intendant du Vallo, prévenu par le perfide ami, était venu en personne au rendez-vous avec une force armée considérable.

Les Capozzoli se défendent avec intrépidité, et disputent le terrain pouce à pouce. Refoulés de chambre en chambre, ils se retranchent sur le toit, et le combat continue avec acharnement. Il était trop inégal pour que les assiégés ne succombassent pas. Quand leurs munitions furent épuisées, le nombre les écrasa. On les prit, on les garrota, et ils furent conduits dans les prisons du Vallo, pour être de là transférés dans celles de Salerne.

Ainsi fut consommée la trahison la plus noire. Ce qui m’étonne, c’est que le premier coup des trois frères n’ait pas été frapper le traître au cœur. Peut-être n’osaient-ils encore attribuer à l’amitié une telle infamie, et croyaient-ils à une surprise sans croire à une perfidie ! Le traître recut le prix du sang.

Le procès des Capozzoli fut bientôt fait, contre l’usage d’un pays où souvent les prévenus attendent leur jugement dans les cachots pendant plusieurs années. J’ai vu juger en Calabre un accusé qui l’attendait depuis douze ans.

La gazette officielle de Naples se divertit fort aux dépens des trois brigands. Leurs grands favoris noirs surtout devinrent le but de ses attaques. Il y eut un moment à Naples où les favoris furent prohibés comme un signe de carbonarisme. De là, force plaisanteries. La gazette n’imagina rien de plus piquant que d’en faire l’objet d’un proverbe, et proposa de dire à l’avenir : Des favoris à la Capozzoli (Baffi da Capozzoli).

Ces basses insultes après la victoire, cet atroce mauvais goût sont un caractère distinctif de la cour de Naples. On cite dans ce genre des mots odieux, tant alors de la révolution tragique de 1799 qu’en 1821. On la retrouve la même à toutes les époques. Elle semble appliquer, dans toute sa rigueur, ce principe du despotisme, que le trop est plus sûr que le trop peu.

Les trois Capozzoli condamnés à mort furent ramenés dans le Cilento, et le 27 juin 1829 ils furent décapités sous le télégraphe de Palinure, qu’ils avaient incendié l’année précédente. Leurs têtes furent envoyées en spectacle dans les villages.

Charles Didier


  1. Ces pages ne sont qu’un épisode d’un voyage de plusieurs années en Sicile et dans les provinces méridionales de l’Italie.
  2. Voici un fait qui prouve l’opinion qu’on avait à Naples du duc de B. Lorsque l’intendant calabrais de Mattheis, dont j’ai rappelé ailleurs les excès et les cruautés, fut appelé sur le banc des accusés, il se recommanda, par une circulaire, aux ambassadeurs des grandes puissances comme ayant agi dans les intérêts et les principes de la sainte-alliance. L’ambassadeur de France fut un de ceux dont il réclama la protection, comme si la France et la sainte-alliance devaient être confondues dans une communauté de principes et d’intérêts. — Ce fait m’a été raconté à Naples l’année dernière.
  3. On travaille maintenant à une grande route de Salerne au Vallo