Cristoforo Colombo (de Lorgues)/Altra lettera al Conte Rosselly de Lorgues

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Altra lettera al Conte Rosselly de Lorgues

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Mon cher Ami!

Milan, 15 juillet 1857.


Ma tache est achevée: je viens de finir ma révision de la traduction italienne de votre Colomb: elle m’a coûté beaucoup d’attention et de travail; mais la satisfaction qu’elle m’a procurée a été plus grande encore, au point de changer en occupation favorite cette laborieuse et pédestre confrontation de frases et de mots. Quand j’étais fatigué d’écrire pour mon compte, je me rafraichissais et remontais l’esprita vec Colomb: s’il m’arrivait de sentir quelque retour de la tristesse maladive dont Dieu m’a frappé jadis, je recourais à Colomb, súr de me récréer et regaillardir. Où chercherais-je dorévenant un sembiable refuge?

Un livre aimé, qui nous verse à flots des idées que nous faisons nôtres, qui nous filtre dans le sang ses nobles consolantes convictions, qui s’assimile notre intelligence l’échauffaut de ses affections, ce livre ressemble trop à un compagnon de voyage savant, spirituel et bon, par nous fortuitement rencontré, et que nous ne voudrions plus quitter: il s’était fait, sans préliminaires, accepter ami et confident, moyennant une intimité improvisée, avec autant plus d’abandon, qu’elle paraissait ne pas devoir tirer à conséquence; une semaine, un mois passent vite, et après l’on se dit adieu: on peut donc sans craindre de se compromettre, se donner le plaisir si rare de lâcher les écluses de son âme, et en laisser deborder le flot tumultueux de ses souvenirs, de ses espérances, de ses regrets.... Mais il n’y a pas de jouissance sans contrecoup: á l’heure de la séparation le voyageur s’aperçoit qu’il va payer cher le bonheur imprévu dont il a joui; et qu’une oppressive sensation de vide va remplacer cette expansion pleine de charmes, ce rajeunissement du cœur, ce repos moral délectable, au quel il s’était abandonné inattentivement.... [p. 456 modifica]

Voila ce que j’éprouve en prenant congé de votre Colomb. Si Vous étiez mon compatriote, et demeuriez ici, je me consolerais aisément que l’œuvre m’échappât, puisque j’en tiendrais l’auteur, et, à defaut du courant, je continuerais à puiser à la source: mais notre excursion intellectuelle est à bout, et nous allons nous quitter. Nous ne nous sommes jamais vus: nous verrons nous?.... Singulière puissance des sympathies qui atteignent et relient deux hommes, nonobstant que Dieu ait placé entr’eux la. distance des lieux, la différence des langues, voir même l’aversion des nationalités! Sans avoir bu à la même coupe, sans avoir reposé sous le même toit, sans s’être serré une seule fois la main, sans s’être jamais rencontrés, ces deux hommes sont devenus mieux que frères, car la fraternité du sang est imposée, et la fraternité des âmes est élective. N’y-at-il-pas-là un admirable triomphe de la spiritualité humaine?

Votre Colomb m’abandonne; et, comme ces cavaliers de l’antiquité qui lançaienten fuyant leurs flèches infaillibles, c’est en me quittant que Vouz m’avez visé au cœur: m’attribuant, dans les dernières pages de votre livre, une place si honorable parmi les amis posthumes du Héros; c’est un diplôme de veritable noblesse qu’il Vous a plu de me décerner. Voila donc, grâce à Vous. mon nom rapproché de celui de l’immortel Génois; et cela dans une page qui sera luc de toute l’Europe, dans chacune de ses langues: ceci est bien autre chose que d’annoncer, comme j’ai fait1 votre chef-d’œuvre à mes compatriotes: ma faible voix n’a pu avoir qu’un petit retentissement dans un [p. 457 modifica]cercle restreint; la vótre est destinée à résonner par tout où il y a des esprits avides de vérité, des imaginations impressionables à l’attrait de la grandeur morale, des âmes chez qui la Religion s’allie à la poésie, et qui aiment les Grands Hommes [p. 458 modifica]bien plus à cause de leurs malheurs, que de leurs prospérités.... A quelle hauteur Vous m’avez placé! c’est le brin de paille que l’aigle emporte dans son vol...

Sur le point de prendre congé définitif, non de Vous, mon [p. 459 modifica]ami, que je compte continuer à aimer, et commencer, bientôt, à voir, mais de notre Colomb, j’ai envie de dire un dernier mot sur son compte; et Vous me comprendrez si je Vous confesserai que ce mot est difficile à dire. Colomb Vous a pris plus de mille pages, fruit de recherches assidues dans toute l’Europe; et en terminant votre admirable travail, Vous Vous plaignez de n’ètre réussì à développer qu’en partie votre sujet, tant il était grand; de n’avoir su rendre que la moitié de ce que vous éprouviez au fond du cœur d’amour et de vénération pour Colomb: or imaginez contre quelles diffìcultés je me briserais pour peu que j’eusse la présomption de résumer en peu de lignes l’expression des sentimens aux quels votre modestie affirme qu’ont fait défaut les pages nombreuses de votre livre. [p. 460 modifica]

Mon dernier mot sur Colomb, et sur le travail que je viens de quitter, ne consistera qu’en une action de grâces, et quelques citations. Mon action de grâce est tout-à-fait simple et courte: c’est à vous que je la rends en ma qualité de catholique et d’italien, pour avoir charmé, nourri, fortifié mon âme, lui présentant, dans toute sa saisissante et émouvante majesté, le type le plus historiquement épique de la plus noble chevalerie, une personnification frappante de tout ce qu’il y a de plus intelligent et doux dans le Catholicisme, l’innocence des Vierges, le dévoument des Martyrs, le zèle des Apôtres. A cet Homme, encore plus bon que grand, rien ne manque désormais [p. 461 modifica]liors l’auréole des Saints; et vous l’invoquez, non pour Lui, au bonheur du quel rien d’ici-bas ne pourrait désormais ajouter, mais pour que nous puissions nous donner la satisfaction de lui rendre dee par l’Église, le culle que nous lui avons dèja devoué de par le cœur.

Mes citations, les voici; j’aime à former un bouquet de quelques fleurs d’un parterre magnifique; le lecteur italien me saura gré de lui en gouter le parium primitif.

Colomb poète.

“Parfois, dans l’intervalle de ses recherches, le Contemplateur du Verbe, électrisé par la poésie d’Israël, et les magnifiques hymnes de l’Église romaine, essayait aussi de rendre en vers les émotions de la piété: poéte par le sentiment, il l’était encore par l’expression, même dans le langage de sa patrie adoptive. Ces stances chrétiennes de Christophe Colomb se sont malheureusement perdues. Les derniers vestiges se trouvent précisément jettés au hasard dans l’esquisse de son travail sur les prophéties. Sa poésie est grave et solemnelle comme le génie chrètien: on y sent le désenchantement du monde, les profondours de la Foi, la logique des choses divines.... Si dans une langue devenue tardivement la sienne, et qu’il ne bégaya que vers sa quaranteneuvième année, Colomb se montrait poète, combien n’aurait-il révélé d’harmonies dans l’idiôme de Dante, du Tasso, ce doux parler de son enfance?... La jeunesse débute par le rythme, la vieillesse y revient comme à un soulagement, a une consolation. Mais ce retour à la poésie comme à la musique, reflet de l’éternelle jeunesse de l’âme, semble la récompense exclusive de l’âge qui a blanchi pratiquant la vertu (p. 148).

Colomb contemplateur de la Création.

“Il ne pouvait se lasser d’admirer la création, et d’elever son âme vers le Créateur: aucun homme en ce monde n’avait parcouru une telle étendue de mers et de rivages: plus il avait vu, plus large était sa notion des magnificences du Verbe, plus profonde était aussi la grandeur de ses impressions. A terre, pendant son repos, dès que son génie cessait d’être aux prises avec l’inconnu, et que sa pénétration n’avait plus à s’aiguiser [p. 462 modifica]pour surprendre quelque grande loi de notre univers, son esprit méditatif s’épanchait dans une contemplation delicieuse. Lorsque, dans le silence de son isolement, entre les intervalles de la prière, se recueillant en lui même, Colomb s’abandonnait à la saveur du souvenir, il lui semblait ècouter encore, au fond des lointains èchos de l’âme, les sonores harmonies de la poésie equatoriale, ou les frémissemens des souffles alisés, et les sévères accens des mélodies pèlagiques. D’un simple retour vers la mémoire il voyait dans sa fidèle empreinte apparaître à la fois depuis les brumeuses mélancolies de l’Océan germanique et les glaces des mers polaires, jusqu’aux splendeurs des Antilles, aux magnificences de la Flore équatoriale. Les îles Fortunées, les Açores, l’Archipel du Cap-Vert, les grandioses aspects de la terre-ferme, la majesté de l’Orénoque, le Golphe des Perles, le ciel éclatant de la Trinité, les constellations australes, tout ce qu’avaient aperçu ses yeux, tout ce qu’avaient deviné ses intuitions, s’unissait à ce qu’il entrevoyait en espérance. L’immensité de ses investigatives se déroulait entière, simultanément, dans sa vision, comme un seul tableau, et sa conception du Créateur, se deployant sublime, s’élerait en proportion de cet inexprimable infini (pag. 160). Fin épouvantable des lâches persécuteurs de Colomb.

“Un vaste balancement rompit la plaine unie des eaux: les vagues, après quelques oscillations, se gonflèrent noircissant; leurs cimes blanchissantes s’élevèrent en bouillonnant. Bientôt le fond de la mer sembla se soulever; le souffle strident de la tempête grinça dans les mâtures, ballottant, comme un jouet, parmi les masses d’écume, cette superbe flotte. Les vergues frappaient l’eau; l’avant et l’arrière plongeaient tour à tour sous les lames. Les trésors accumulès sur les navires furent rudement secoués. La fureur des vagues fit entrechoquer les caravelles: quelques unes s’entrouvrirent, et sombrèrent à l’instant; d’autres luttèrent par d’impuissantes manœuvres. Un épais embrun s’ajoutait à l’affreuse obscurité du ciel: on ne se voyait point; on entendait à peine les commandements inutiles du porte-voix, et les cris désespérés de l’horreur. La Capitana, si merveilleusement encombrée d’or, malgré ses solides [p. 463 modifica]charpentes fut saisie par l’ouragan, fracassée, ouverte aux flancs, dépecée, puis engloutie dans l’abyme: de tout ce qu’elle portait, hommes et trésors, rien ne reparut: vingtsix caravelles chargées d’or, dépouilles des malheureux Indiens, furent brisées et ensevelies dans les gouffres des vagues; d’autres, emportées dans les sillons écumeux de l’Océan, furent entraînées sous des parallèles inconnus, et sombrèrent plus loin, après avoir ressenti plus long-temps les angoisses du désespoir. De toute cette superbe flotte il ne revint à Hispaniola que deux navires fracassés; tandis qu’un seul, le plus mauvais, le plus usé, le plus petit de tous, nommé l’Aiguille,» continuait sa route vers l’Europe; il portait tout le bien de Colomb, et ce fut le premier qui arriva en Castille, comme par la permission de Dieu» (Herrera). Dans cette terrible journée périrent, sans en excepter un seul, les traîtres, les calomniateurs, les ennemis jurés de Colomb. Là, dit un historiographe royal, là prit fin Bobadilla, qui avait envoyé l’Amiral et ses frères en Europa les fers aux pieds, sans l’accuser ni lui donner lieu de se défendre; là prit fin aussi le rebelle Roldan, et quantité de ses complices, qui s’étaient soulevés contre l’Amiral, dont ils avaient mangé le pain, et qui avaient tyrannisé les Indiens: «les deux mille pesos, furent submergés avec ce grain d’or de grandeur prodigieuse — » (Herrera). Tout fut perdu: la mer engloutit à la fois avec ces richesses iniques, leurs iniques possesseurs au nombre de plus de cinqcent hommes (Oviedo): Or, pendant que s’accomplissait ce désastre, l’Amiral, ritiré dans le port caché, puerto escondido, laissait gronder l’ouragan, et se confiait à Dieu (pag. 186). Portrait de Colomb.

«L’ardente foi de Colomb surmontait seule les contrariétès des influences extérieures: tout occupé de son projet, sans cesse les yeux fixés sur son but, il ne s’arrêtait pas à compter les obstacles. Sa soixanteseptième année commençait à peser sur lui, sans qu’il se fût douté de son approche. La subtilité de ses sens n’avait rien perdu de sa délicalesse. En dépit de ses atteintes rhumatismales, sa taille, encore droite et ferme, soutenait à merveille la majesté de sa physionomie, sur laquelle semblait naturellement empreinte la noblesse de sa pensée. A [p. 464 modifica]mesure qu’il avaneait en âge, il avançait aussi en perfection chrétienne. La douceur de son regard, tout. imbibé d’un fluide aimant et tendré, exprimait quelque ehose d’évangelique. Ses travaux de mer, ses tribulations si longues, sa dévorante activité d’esprit, les injustices souffertes n’avaient point durement imprimé leurs sillons sur ses traits. Ses cheveux d’un blanc lustré entouraient son front de cette couronne dont parle l’Écriture. Avec l’ampleur de son vêtement franciscain, sa dignité d’attitude, toute sa personne rappelait une de ces images de patriarche, ou de prophète, dont on se fait un idée d’aprés les Livres Saints: on eût dit un roi-pasteur transporté de l’Idumêe , ou de la Mésopotamie sur les plaines de l’Atlantique (pag. 199).

Un miracle de Colomb.

«Le mardì 15 decembre 1502, pendant que l’Amiral agonisait sur le lit de la douleur, une clameur dechirante partie de l’une des caravelles, fut presqu’aussitôt répétée par les autres: ce cri de desespoir retentit jusqu’à l’âme du moribond: il frissonna et rouvrit les yeux.

«Quelque chose d’horrible se passait à la portée du regard.

«Sur un point de l’espace agité par un mouvement giratoire. la mer se gonfiant de tous les flots qu’elle attirait à ce centre, se soulevait comme une seule montagne, tandis que de noirs nuages, descendant en cône renversé, s’allongeaient vers le tourbillon marin qui se dressait palpitant à son approche, comme cherchant à le joindre. Ces deux monstruosités de la mer et de l’atmosphère s’unirent tout à coup par un effroyable embrasement, et se confondirent en forme d’X tournoyant.» C’était, dit l’Historien de Saint Domingue, une de ces pompes, ou trombes marines, quo les gens de mer appellent fronks, que l’on connaissait alors si peu, et qui out depuis submerge tant de navires» (le P. Charlevoix). Un âpre sifflement précédait l’haleine fatale qui poussait vers les caravelles cet épouvantail, alors sans nom dans nos langues. Ce genre de trombe est la plus affreuse manifestation de cette tempête infernale, à qui l’Orient donne le nom même de l’esprit du mal, Tiphon; malheur aux navires qui se rencontrerent sur son passage! [p. 465 modifica]«Au cri de détresse qui frappa son cœur le grand Homme s’était ranimé. Devant l’imminence de la destruction, il se reléve, reprend son ancienne vigueur, et sort de sa cabine afin de mesurer d’abord le péril. Lui aussi aperçut la chose formidable qui approchait. La mer était soutirée vers le ciel. A ce phénomène inconnu il ne vit point de remède: l’art était inutile, la navigation impuissante; d’ailleurs on ne pouvait plus gouverner.

«Aussitôt Colomb, l’adorateur du Verbe, soupçonna dans cet effroyable déploiement des forces brutales de la nature, quelque maneuvre satanique. Il ne pouvait conjurer les puissances de l’air d’après les rites de l’Église, craignant d’usurper sur le Sacerdoce; mais il se rappela qu’il était chef d’une expédition chrétienne; que son but était saint, et voulut, à. sa manière, sommer l’Esprit des ténèbres de lui livrer passage. ll fit soudain allumer dans les fanaux des cierges bénits; arbora l’étendard royal de l’expédition; ceignit son épée par dessus le cordon de S. François; prit en ses mains le livre des Évangiles; et debout en face de la trombe qui s’approchait, lui notifia la sublime affirmation qui ouvre le récit du disciple bien aimé de Jésus, saint Jean, le fils adoptif de la Vierge.

«S’efforçant de dominer de sa voix le bruit de la tempête, le Messager du Salut déclara au typhon qu’au commencement ètait le Verbe, que le Verbe était en Dieu, et que le Verbe était Dieu; que toutes choses ont été faites par Lui.... qu’il s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous.

«Alors; de par ce Verbe Divin notre Rédempteur, dont la parole calmait les vents, et apaisait les flots, Christophe Colomb comande impérieusement à la trombe d’épargner ceux qui, faits enfans de Dieu, s’en vont porter la Croix aux extrémités des nations, et naviguent au nom trois fois saint de la Trinité. Puis, tirant son épée, plein d’une ardente foi, il trace dans l’air, avec le tranchant de l’acier, le signe de la Croix, et décrit autour de lui un cercle acéré, comme s’il coupait rèellement la trombe. Et, en eifet, o prodige! la trombe qui marchait vers les caravelles, attirant avec un noir bouillonne ment les flots, parut poussée obliquement, passa entre les [p. 466 modifica]navires à demi noyés par le bouleversement des vagues, s’éloigna rugissante, disloquée, et s’alla perdre dans la tumultueuse immensité des plaines atlantiques.

«Cette subite retraite du phénomène destructeur parut à l’Amiral une nouvelle faveur de Sa Haute Majesté = il crut en avoir été garanti par la faveur divine = (Herrera), p. 226.

Tristesses de Colomb.

«La grande âme du Messager de la Croix était submergée d’amertume.

«Des cinq royaumes, des grands vassaux, des Caciques si nombreux d’Hispaniola, rien ne restait. Elle avait disparu aussi cette Anacoana, la fleur d’or, la souveraine enchanteresse de Haiti, au renom séduisant, cette muse visible des plus poétiques régions, qui était à la fois l’Égèrie, la Clio, et la Thalie des Antilles. La torture, l’ignominie, la mort avaient triplement payé la générosité de sa confiance, et de son hospitalité royale. Avec elle s’effacèrent les ehants, les gracieuses danses, les jeux scéniques, et la douce rêverie. La désolation et la terreur regnaient seules sur les restes épars des tribus décimées. Aux massacres de Xaragua et de l’Higuey avait succedé le tranquille homicide quotidiennement commis par l’excès des travaux des mines (pag. 329.)

«Colomb priait pour Isabelle quand déja ella avait dù toucher le prix céleste de ses oeuvres royales.

«Enfin il connut son malheur.

«Qui dira le brisement de ce cœur résigné? Le pére qui perd sa fille unique n’éprouve pas dans ses entrailles un déchirement plus aigu. Pour peindre cette inénarrable affliction il faudrait pouvoir mesurer dans sa sublimité cette attraction de deux âmes que la Providence avait prédestinèes à élaborer la plus grande œuvre des races humaines. Par son immensité la douleur de Colomb touchait à l’infini; sa souffrance multiple était vaste comme l’esprit qui animait ce corps de reine, empreint d’une indelebile majesté. C’était le brisement d’une sympathie supérieure, enracinée dans la tendresse de l’âme, épanouie au soufle lyrìque de l’enthousiasme pour la nature, fecondée par les splendeurs de la foi, et vivifiée dans le Christ, qui en était [p. 467 modifica]le principe, la sauvegarde et la fin immortelle... A qui racconterait-il désormais les ravissements qu’élevaient on lui les merveilles des régions inconnues? pour qui entreprendrait-il de nouvelles découverles? qui le suivrait maintenant par la pensée, et lui sauraìt gré de ses lointaines fatigues? qui lui viendrait en aide pour réaliser enfin le but définitif de ses espérances, la rédemption du tombeau de notre Sauveur? Quand il eut compris que son malheur était accompli, que la Reine était morte, Colomb eut froid au coeur... (pag. 344.) Mort de Colomb.

«Le jour qui s’annonçait marquait une des grandes fêtes du Catholicisme, l’anniversaire de celui où le Fils de l’Homme, ayant accompli la Rédemption, et institué son Èglise, remonta vers son Père, pour rentrer dans sa gloire. D’heure en heure le grand Amiral de l’Océan se sentait toujours plus attiré vers le port de son éternité. Il demanda la faveur de recevoir encore une fois sur la terre le pain des anges. Quel spectacle dut alors off’rir cette chambre d’hôtellerie! L’envoyé du Très-Haut, l’ardent adorateur du Verbe, par qui tout a été lait, recevant la visite du Verbe Divin sous le symbole eucharistique!... Quelle effusion de cœur, quelle suavité de confortation surabondérent chez cet Homme de foi? Quelle divine illumination dul éclairer sa couche de douleurs! Avec quel bonheur il se prosterna devant son Maître arrivant à lui! Le divin Sauveur, qui lit dans les âmes, savait combien ardemment il avait désiré la delivrance de son tombeau, la glorification de son nom parmi toutes les nations de la terre, et ses perséverants efforts, et ses douloureuses aspirations vers ce but sacré. Aiusi, malgré le tremblement que toute créature mortelle doit éprouver devant la majesté de l’Auteur de la vie, Christophe Colomb était rempli d’espérance. Rassuré par les bontés et la miséricorde que lui avait déjà montrées le Rédempteur, son âme dut s’épandre avec de tendres delices, á cette venue du Sauveur sous son toit d’emprunt.

«Un instant encore, et il allait enfin posséder la vie eternelle.

«L’integrité de son intelligence se maintenait complète malgré l’invasion croissante de sa destruction. Quand il sentit sa [p. 468 modifica]fin tout-à-fait proche, Colomb sortit de son recueillement séraphique, et demanda lui-même le sacrement de l’Extrême-Onction. Sa lucidité n’avait rien perdu de sa force. Il put suivre les prières des agonisants que l’on disait-pour lui. Il écoutait avec une humble componction la recommandation de l’âme, que faisait près de son lit l’un des religieux franciscains, et disait lui même les réponses. Puis, après avoir amérement savouré les transes de l’agone, sentant venu le moment suprême, à l’heure du midi, le Disciple du Verbe adressa au Père des mondes les propres paroles que proféra le Sauveur expirant sur la Croix = mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains = et il lui rendit l’esprit.

«C’etait le jour de l’Ascension 20 mai 1506 (pag. 595).»

A ces élans d’une éloquence saintement passionnée je n’ose ajouter que ces mots, avec les quels j’ai commencé cette correspondance tombée dans le domaine de la publicité, et avec les quels j’aime à la finir:

Que toutes les âmes catholiques vous bénissent, mon ami, d’avoir écrit, comme vous venez de faire, la vie de Christophe Colomb...!2. [p. 469 modifica] [p. 470 modifica]

  1. Nella prima edizione della Vita di Colombo, al capitolo di chiusa intitolato les amis posthumes de Colomb, leggesi: notre honorable ami Tullio Dandolo a reconnu de bonne heure le caractère quasi sacerdotal de Christophe Colomb, et il reproduisit en 4852, dans son remarquable ouvrage I secoli di Dante e di Colombo, la première idée que donnait de ce Héros chrétien notre livre la Croix dans les deux Mondes. Son admiration de Colomb, et son amitié pour nous lui ont inspiré, il y a deux ans, en vue d’annoncer à l’Italie la présente histoire, un chaleureux manifeste sur la nécessité des rehabilitations historiques. Cette rapide improvisation de plume, écrite en moins d’une nuit, datée de Adro province de Brescia, a mérité d’ètre citée dans un autre manifeste au clergé d’Italie sur le mème sujet, par l’illustre pére Ventura de Raulica, un des protecteurs les plus dévoués de la renommée de Colomb.”
    Il manifesto di cui è accennato in queste righe, siccome quello che rende meritata giustizia al generoso lavoro di Roselly, ed alla santa memoria di Colombo, non è fuor di posto in questo luogo: eccolo.
    “Dio destina il secolo decimonono ad essere illustre per molli titoli. Il primo suo quarto fu splendido per le rivendicazioni cattoliche coraggiosamente affrontate e luminosamente conseguite da Chateaubriand, da de-Maistre, da Bonald, mercè cui poesia, filosofia, giurisprudenza, riavutesi dalle tocche contaminazioni, tornarono pure e onorande: ned il secondo quarto di secolo (dal qual uscimmo testè) trascorse manco glorioso, mercé le riabilitazioni storiche costituenti il suo carattere speciale. Empietà e ghibellinismo avevano incollata in viso alla Musa della Storia un’abbominevole maschera; il suo stilo era stato intinto nel liete, e la sua mano, per subita violenza, avea vergato note calunniose: piacque alla Provvidenza che la rintegrazione irrecusabile venisse di là d’onde aveano traboccato le fonti dell’errore: l’Alemagna protestante fornì per prima i ristoratori della critica storica, gli sperditori delle crasse tenebre, state malignamente diffuse intorno i salutari svolgimenti del Cattolicismo, e i grandi uomini che ne furono gli operatori; e così l’Europa ebbe a meravigliare, che in pastori luterani, in professori zuingliani, in ministri anglicani avessero i più grandi Santi, i maggiori Papi, i più vitali dommi di nostra Santa religione a rinvenire biografi eruditissimi, difensori eccellenti: i nomi di Hurter, di Voigt, di Hook, di Leo, di Hulman, di Leander, di Ranke, di Newman, di Manning, spiccatisi dai centri dell’errore, brillan omai scritti ne’ vestiboli, o nei penetrali medesimi del sublime tempio dell’eterna verità.
    Alteramente rialzata nel primo quarto del nostro secolo, dal fango in cui l’avevano gettata, la bandiera cattolica, e tosto (nel successivo quarto) creata intorno ad essa una forte imprendibile trincea, la missione attuale de’ leali Cattolici consiste a condecorare il sagro redento vessillo di serti e fregi imperituri: lettere ed arti sieno evocate adornatrici dello sperato, del cominciato trionfo: pittura, e scultura, purificate in lor aspirazioni, esprimeranno, meglio che le voluttuose sensazioni, le sant’emozioni: la poesia, ripudiati le amalgamo impure, di cui potenti ingegni d’Oltralpe (Hugo, Lamartine, Béranger) la contaminarono testè, costituendola ligia alla demogagia, al panteismo, all’epicureismo, riederà serena a’ suoi canti; e mentre la scienza andrà cercando tra gli arcani di natura nuove dimostrazioni di sapienza e bontà, la storia investigherà nel passato i trasparenti misteri della Provvidenza governatrice del Mondo.
    Questa è la missione che reputo fidata ai cinque lustri da poco apertisi a costituire il quarto di secolo in cui viviamo: anch’esso avrà fisonomia sua propria, caratteristica, e (se valgono le mie speranze) consolante. Ch’io ne accolga fiducia nell’intimo del cuore, ne rendono ragione gli arditi lavori a cui mi sono consacrato, quella Storia del Pensiero nella qual si contengono così la difesa d’ogni verità, come l’apologia d’ogni bellezza.
    Or ecco che, un altro argomento, per avventura più poderoso, — chè amor proprio facilmente c’illude in checchè ci riguarda, — mi giunge di Francia, per fidare nell’incipiente lustro dell’êra presente, e giudicarla propriamente serbata alla testè presagita missione.
    Tornati all’augusto lor seggio i dommi stati smossi da mani sagrileghe, restituiti alla meritata venerazione i grandi uomini, cui la calunnia avea travestiti, ci spetta far vieppiù amare questi nobili Veri ricuperati, ricingendoli di splendide infule, di profumate ghirlande: lo spirito che suscita Overbeck a pingere le sue celestiali Madonne; Malatesti. deposta la magica tavolozza, a trattare lo scalpello per onorare di pubblico monumento un suo grande concittadino; Pugin a far rifiorire a pro del concentramento religioso lo stile a sesto-acuto de’ monaci-architetti del Medio Evo; quello spirito stesso ecco ch’io lo scerno animare un gagliardo alunno della Musa Cristiana, il qual, invaso dal suo soffio, scioglie la voce ad una specie di maestosa epopea, alle cui penetranti strofe tutta è per risonare l’Europa. Oh come, in ascoltarlo, la povera Italia palpiterà confortata! conciossiachè d’un suo figlio ella è per udire celebrati, chiariti, riscattati da ignobili pregiudizii, da tradizionali errori i servigi stupendi, la virtù disconosciuta.
    Strano lavorio intellettuale della Gente Italiana, felice ed infelice ad un tempo! spende mezza la sua vigoria a creare grandi Uomini, e grandi cose, e l’altra mezza l’è mestieri consumarla a difendere quegli Uomini da oblivione, da denigramento, a tutelar quelle cose dalla usurpazione di prepotenti, dalle, pur troppo, infaticate riuscenti insidie di ladri! Essa genera i grandi Uomini, ma le sono furati dagli stranieri, e consacrano allo ingrandimento di questi la vigoria fecondante del lor divino ingegno; crea le grandi cose, ma per avverar sempre fatalmente la maledizione virgiliana sic vos non vobis! E in chi mai s’incarnano queste querele, meglio che in Cristoforo Colombo, il qual nacque italiano, ma per servire la Spagna, e scoverse l’America, ma per darla a’ peggiori nemici del suo paese?
    Epperò Colombo era fervente cattolico, e non intendeva dare l’America a Ferdinando e Isabella, sibben a Cristo Salvatore. Questo è il lato magnifico, ned abbastanza studiato da quella biografia, racchiudente le più pure glorie dello spirito umano; questa è la rivelazione, che, in mezzo ad un tesoro di pellegrine notizie, sta per isplendere dominatrice del libro che sono lieto di annunziare. Conciossiachè Cristoforo Colombo, il massimo Italiano, ha trovato finalmente un degno biografo. Washington Irving, ed Alessandro Humboldt erano mal preparati dalla grettezza del loro sentir eterodosso a giudicar e descrivere la vita di quel fervente Cattolico: Napione, Cancellieri, Spotorno, agghiacciati dalla erudizione, aveano troppo miope lo sguardo per abbracciare nel suo assieme il gigante: un francese, di sangue italiano, l’illustre Roselly di Lorgues si è assunto di collocarci innanzi Colombo qual fu veramente: credevamlo da tanto?
    A Roselly io scrissi testè: “Je m’étais habitué à recevoir, à peu près tous les deux ans, une visite de Vous: le Christ devant le Siècle, le premier de vos ouvrages, me causa une profonde impression, et vous plaça, du premier coup, dans le nombre de mes auteurs favoris: suivit la mort avant l’homme, dont je goûtai la haute philosophie: la Croix dans les deux Mondes me présenta une magnifique odyssée en honneur de Jésus et de son Évangile: le livre des Communes fut le dernier qui m’arriva de Vous, descendu des sublimes hautenrs, aux besoins et aux pratiques de la vie sociale: toutes ces études me parurent frappantes d‘éloquence, de savoir, de rectitude, et créèrent en moi le besoin de Vous avoir visiteur habituel, periodique: pourquoi quatre années se sont elles écoulées sans que Vous ne me donniez signe de vie?”
    Sia benedetta la risposta che ieri mi è giunta! Il Valentuomo ha spesi questi anni, ch’io lamentava silenziosi, a ricostruire la vita del gran Genovese: ei mi annunzia ch’ella è per offrire agli attoniti lettori mirabili rivelazioni, documentate da prove che attinse alle fonti più sicure: toccante è l’entusiasmo che lo scalda per Colombo, proclamato da lui il personaggio più poeticamente santo della sua età, il più glorioso figlio dell’Italia.
    Possano queste poche e semplici parole trasfondere ne’ miei compatriotti una qualche parte della commozione, che siffatti annunzi hanno desta in me; e, con avvertirli della imminente pubblicazione di siffatta rivificazione di Colombo, predisporli a ben accoglierla!
    Innocenzo III illustrato da Hurter, Dante da Fauriel, da Artaud, da Balbo, Bonifacio VIII da Tosti, Cosimo e Lorenzo de’ Medici da Boscoe, Leon X da Audin, Savonarola da Rio, Raffaello da Quatremère, Pio V da Falloux, Colombo da Roselly domandano compagni Tomaso d’Aquino, Enea-Silvio, Leonardo, Galileo, Vico, Muratori, luminari italiani, che anch’essi rischiararon il mondo, e la piena ristorazione della cui fama chi sa che non sia per essere frutto di questo quarto di secolo che ora ci corre, e presagimmo destinato alle confortevoli riabilitazioni?
  2. Un giovine, gentilissimo poeta, mio concittadino ed amico, Pasquale Contini, il qual già diè saggio di sè con un volume di soavi versi, che d’altri presto, io spero, saranno seguiti, diemmi su Colombo queste strofe.

         Chi è costui dalla fronte pensosa,
    Dallo sguardo fremente, infinito
    Come il mare sul quale si posa,
    Come il ciel che confine non ha;
    Dal bel volto, dal rozzo vestito,
    Dalla balda freschissima età?

         Chi è costui, cui dal viso traspare
    Ogni affetto che in core gli ferve?
    Che mai cerca dinanzi quel mare,
    Che sospira baciandogli i piè?
    Donde venne, a chi impera, a chi serve?
    La sua patria, il suo nome qual è?

         Dalla terra, che Italia si appella,
    Dov’eterno ha natura il sorriso,
    Dove ogni opra più vaga, più bella
    È una gloria, un mistero d’amor,
    Dove ride novel paradiso
    Di profumi, di luce, di fior;

         Là d’un mar sulle libere sponde
    Bebbe l’aure del suolo natio;
    Fanciulletto amò i venti, amò l’onde
    E godeva sovr’esse vogar;
    Era in esse la voce di Dio,
    Che il chiamava altre terre a cercar.

         Giovinetto raccolse quel grido,
    E celato nel petto lo tenne:
    Fu suo sogno un incognito lido,
    Popolato da mille città;
    Fu suo sogno l’aurora solenne
    Che al suo mondo quel mondo darà.

         O Colombo! va, sorgi, t’affretta,
    Sfida l’adre mugghianti tempeste;
    Una gente ignorata t’aspetta,
    Ti richiama con lungo desir;
    L’aura, l’onde, han quel grido celeste
    Che t’invita il tuo voto a compir.

         Sorgi e vola! a chi spera, a chi crede
    Nulla in terra negato fu mai;
    Parte il sol fra le nubi, ma riede
    Più lucente che prima non fu:
    Tra’ perigli, tra l’ansie, tra’ guai
    Grande, splendida emerge Virtù.

         Se l’Europa con zotico scherno
    Ride, e insulta al sublime pensiero,
    Che t’importa? ti scorge l’Eterno
    Fra gli abissi, fra i gorghi del mar,
    Sull’inospito lido straniero
    Una croce sublime a piantar.

         Obbedisti: i perigli vincesti,
    Alla speme risposer gli eventi;

    Sulla Terra scoperta sedesti
    Sorridente d'averti con sè;
    E stupite le barbare genti
    T'inchinaro qual padre, qual re.
     
         Ma tuo serto fur ceppi, e ritorte;
    Tua mercede fur l'odio e l'oblio:
    Infelice l'incolse la morte
    Lunge, lunge dall'italo suol;
    Premio pari al tuo merto fu Dio,
    Cui sciogliesti con giubilo il vol.
     
         Or risorgi dal tumulo santo;
    E contempla qual culto li rende
    Questa Terra di gloria, d'incanto,
    Che dall'altre mai vinta non fu:
    Mira, Grande, siccome si accende
    All' amor dell'antica Virtù!