Pagina:Baretti - Prefazioni e polemiche.djvu/215

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INTRODUCTION Dans un de ces papiers joumaliers qu’on public à Londres, j’ai lu, il n’y a pas longtemps, l’anecdota salvante. Une dame anglaise très respectable à tous égards, étant à Paris, entendit lire une lettre récemment écrite par monsieur de Voltaire à un de ses amis. Dans cette lettre un homme nommé Letoumeur, secrétaire de librairie, est appelé «impudent», «imbécile», «faquin» et «maraud», parce qu’il a traduit en fran^ais les oeuvres de Shakespeare dans l’intention de les imprimer ainsi traduites par souscription. Non content de traiter ce pauvre traducteur avec si peu de cérémonie, monsieur de Voltaire se jette dans cette lettre sur son originai et dit, entre autres choses, que les oeuvres de Shakespeare ne sont qu ’ un •«enorme fumier». A ce mot de «fumier», la dame s’écria que «ce fumier avait fertilisé une terre bien ingrate». Cette remarque serait un ben mot fort heureux, si elle ne portait point à faux: c’est-à-dire s’il était bien avere que monsieur de Voltaire sait assez la langfue anglaise pour avoir pu lire les oeuvres de Shakespeare au profit de ses tragédies. Je m’en vais faire voir qu’on lui fait trop d’honneur par cette supposition.