Pagina:Baretti - Prefazioni e polemiche.djvu/270

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ce qu’il a dit pour d’autres, que croit-il d’avoir dit? N’est-il pas ridicule á lui d’aller avec emphase informer le chevalier Walpole que Shakespeare a des défauts? Le chevalier savait cela á vingt ans beaucoup mieux que ne le sait monsieur de Voltaire á quatre-vingts. Y a-t-il, danscestrois royaumes, d’écolier qui ne sache ce que monsieur de Voltaire nous donne comme une de ses étonnantes découvertes? Que je méprise ces gens, qui viennent vous débiter d’un ton grave et d’un air sentencieux des vérités connues de tout le monde, et qui appuient avec grande force sur des choses que personne ne s’avise de nier! Ils croient d’étre des voix et ne sont que des échos. Mais que dirons-nous d’un homme, qui tantót donne le titre de «genie» á Shakespeare, et tantót le titre de «sauvage ivre», et d’«histrion barbare»? qui donne tantót raison aux anglais les mieux instruits de ce qu’ils l’admirent, et tantót s’évertue avec toute l’animosité possible pour le rendre abominable á l’Académie frangaise et á tout l’univers? N’est-ce pas lá une duplicité qui revolte? une effronterie de contradiction, dont une poissarde de la halle rougirait comme un coquíne? Ne vous en étonnez point, messieurs les anglais. Cet homme-lá n’a fait d’autre métier depuis plus d’un demi-siècle, que chercher á détruire la religion de ses pères; et jamais suffisamment courageux pour soutenir á tout hasard les opinions qu’il a osé avancer mille et mille fois, il a traité tout du long de menteurs et de calomniateurs tous ceux qui ne l’ont point considerò comme chrétien. C’est sa manière. Il veut dire tout ce que bon lui semble de tous les ordres, de tous les états: il veut maltraiter la Sorbonne, écraser la hiérarquie ecclésiastique, détruire les moines, étrangler les journalistes, proscrire les auteurs de tous les siècles et de tous les pays, á l’exception de son cher Confucius; et si quelqu’un ose seulement le toucher du bout pointu de sa piume, c’est un vaurien, c’est un malheureux, c’est un menteur, un calomniateur, un maraud, un faquin, qu’on devrait fouetter, pendre, écarteler, brúler, exterminer á tous les diables sans la moindre miséricorde. Voilá son système. Le monde a grand tort en vérité de ne pas l’approuver d’un commun accordi