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de vôtre palais, plus d’une de nos pièces Françoises, élégamment traduites en vers Italiens; vous daignez traduire actuellement la Tragedie de Tancrède, & moi qui vous imite de loin, j’ aurai bientôt le plaisir de voir représenter chez moi la traduction d’une pièce de vôtre célèbre Goldoni, que j’ ai nommé, & que je nommerai toûjours le Peintre de la Nature; digne réformateur de la Comédie Italienne, il en a banni les farces insipides, les sottises grossiéres, lorsque nous les avions adoptées sur quelques théâtres de Paris. Une chose m’a frappé surtout dans les pièces de ce génie fecond, c’ est qu’ elles finissent toute par une moralité, qui rappelle le sujet & l’intrigue de la pièce, & qui prouve que ce sujet & cette intrigue sont faits pour rendre les hommes plus sages & plus gens de bien.

Estratto della lettera responsiva del Signor Senatore suddetto
a Monsieur Voltaire.

Le célèbre Goldoni, qui a merité vos éloges, a fait connaìtre que l’on peut rire sans honte, s’instruire sans s’ennuyer, & s’amuser avec profit. Mais quel essaim1 de babillards & de censeurs indiscrets s’eleva contre lui! Pour ceux que je connais personnellement, je les divise en deux Classes: la première comprend une espèce de savans vétilleux que nous appellons Parolaj, juges & connaisseurs de mots, qui prétendent que tout est gàté, dès qu’ une phrase n’est pas tout-à-fait cruscante, dèsqu’ une parole est tant soit peu déplacée, ou l’expression n’est pas assez noble & sublime. Je crois qu’il y aurait à contester pour long tems sur ces imputations; mais laissons à part tout débat. La réponse est facile; c’est Horace qui la donne.

               Ubi plura nitent in Carmine non ego paucis
          Offendar maculis, quas aut incuria fudit,
          Aut humana parum cavit natura

  1. Nel testo: essain.