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LE BOURRU BIENFAISANT 183


Marton. Non. Le domestique m’a dit qu’il venoit de le voir chez son notaire.

Valère. Chez son notaire?

Marton. Oui; il a toujours des affaires. Mais est-ce que vous voudriez lui parler?

Valère. Oui; je veux parler à tout le monde. Je vois avec peine le dérangement de monsieur Dalancour. Je suis seul; j’ai du bien; j’en puis disposer. J’aime Angélique; je viens lui offrir de l'épouser sans dot, et de partager avec elle mon état et ma fortune.

Marton. Que cela est bien digne de vous! Rien ne marque plur l'estime, l’amour, la générosité.

Valère. Croyez-vous que je puisse me flatter?...

Marton. (Avec joie) Oui; d’autant plus que mademoiselle est dans les bonnes grâces de son oncle, et qu’il veut la marier.

Valère. Il veut la marier?

Marton. (Avec joie) Oui.

Valère. Mai, si c’est lui qui veut la marier, il voudra être le maître de lui proposer le parti.

Marton. (Après un moment de silence) Cela se pourroit bien.

Valère. Est-ce une consolation pour moi?

Marton. Pourquoi pas? (en se tournant vers la coulisse) Venez, venez, mademoiselle.

SCÈNE XVI.

Marton, Angélique, Valère.

Angélique. Je suis tout effrayée.

Valère. (A Angélique) Qu’ avez-vous, mademoiselle?

Angélique. (A Valère) Mon pauvre frère...

Marton. (A Angélique) Toujours de même?

Angélique. (A Marton) Il est un peu plus tranquille.

Marton. Ecoutez, écoutez, mademoiselle: monsieur m’a dit des choses charmantes pour vous et pour votre frère.

Angélique. Pour lui aussi?