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338 ACTE TROISIÈME


La Fleur. Cela doit faire une bonne condition pour toi.

Frontin. (Froidement) Oui.... pas mal.

La Fleur. Il doit y avoir des profits considérables.

Frontin. Des profits!

La Fleur. Oui. Combien êtes-vous à partager les profits?

Frontin. Je suis seul.

La Fleur. Comment seul!

Frontin. Il n’y a ici d’autres domestiques que moi.

La Fleur. J’ai vu beaucoup de laquais en entrant, tous portent la même livrée que toi.

Frontin. Oh pour ces laquais-là, ce sont des oiseaux de passage.

La Fleur. Mais.... je n’y entends rien. Dis-moi donc quelle est ta condition, mon cher ami Frontin.

Frontin. Veux-tu que je te dise la vérité?

La Fleur. Oui, parle-moi franchement, en ami.

Frontin. Mais je ne voudrois pas.....

La Fleur. Ne crains rien. Je suis discret.

Frontin. J’ai très-peu de gages, et pas un sol de profit.

La Fleur. C’est étonnant. Un homme comme toi! et il y a quelque tems que tu es ici.

Frontin. Cela est vrai. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais je m’y suis attaché.

La Fleur. Mais1 tu as tort, mon ami Frontin, tu es un brave garçon, honnête, habile, intelligent. Tu pourrois être mieux, tu pourrois choisir. Tiens, il te faudroit une maison à peu près comme la mienne. Mes maîtres ne sont pas riches, mais ils sont toujours gais, toujours rians, toujours généreux. Ils vendent tantôt une pièce de terre, tantôt une autre, et on fait toujours bonne chaire, et les domestiques ne manquent de rien.

Frontin. Voilà ce que je voudrois trouver aussi. Mon cher ami la Fleur, si tu voulois t’intéresser à moi, je t’aurois bien de l’obligation.

La Fleur. Rien de plus aisé; mais tu es attaché a ton maître.

  1. Questo mais fu cancellato.