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366 ACTE CINQUIÈME


Sept Fontaines, Bas Côteau, Verdurier1 voilà qui est bien, des millions, madame.

Araminte. A quoi bon vos millions! Feu mon mari avec peu de chose a fait des millions, et vous avec des millions vous n’avez rien. C’est que mon mari ne perdoit pas de vue ses affaires; c’est qu’il avoit une femme qui savoit conduire un ménage; mais vous, monsieur le Marquis, soit dit entre nous, tout va de travers chez vous.

Le Marquis. Il est vrai que feu madame de Courbois aimoit la société, la pauvre femme! Elle jouoit gros jeu, elle perdoit toujours; moi tantôt d’un coté, tantôt de l’autre; j’ai des chasses superbes; mes terres, voilà qui est bien, sont hypotéquées. Mais mon fils, il s’y connoit lui.... un jour... mon fìls.... mes terres...

Araminte. Eh! si vos terres étoient entre mes mains, vous verriez que ce jour ne tarderoit pas longtems à arriver.

Le Marquis. C'est vrai, c’est juste; je le crois aussi. Si vous vouliez vous en changer, tant mieux pour moi, tant mieux pour le Vicomte. Prenez-les sous votre direction; je vous les confie, je vous les abandonne.

Araminte. Croyez-vous, monsieur le Marquis, que je sois faite pour être l’intendante d’une maison?

Le Marquis. Point du tout, madame. Vous êtes encore fraiche, je ne suis pas bien vieux; je vous offre ma main, mon cœur, et je vais vous faire carte blanche.

Araminte. Carte blanche, monsieur?

Le Marquis. Oui, madame, et je suis sur que le Vicomte la signera aussi content que moi.

SCÈNE XI.

Araminte, Le Marquis, Le Vicomte.

Le Vicomte. Oui, mon père, je signerai cet acte solemnel qui fera mon bonheur, et celui de votre maison, (vers la coulisse)

  1. Manoscritto: bas côteau, verdurier.