Pagina:Manzoni.djvu/91

Da Wikisource.

il manzoni a parigi. 89

filosofo si rivolgeva allo storico sperato dello Stoicismo: «C’est à vous, mon ami, qu’il appartient de nous offrir les images des grandes âmes formées par ces maximes, de retracer dignement des souvenirs si touchants et si majestueux. Sans doute il est toujours utile de proposer aux hommes de semblables modèles; mais, aux époques des révolutions politiques, le bon sens et la vertu n’ont de garantie que dans la constance des principes, dans l’inébranlable fermeté des habitudes. Le débordement de toutes les folies, de toutes les fureurs, les excès de tous genres, inséparables de ces grands bouleversements, troublent les têtes faibles, leur rendent problématique ce qu’elles ont regardé comme le plus certain; les exemples corrupteurs, les succès momentanés du crime, les malheurs, les persécutions qui s’attachent si souvent aux gens de bien, ébranlent la morale des âmes flottantes; le ressort des plus énergiques s’affaiblit lui-même quelquefois, et toutes celles qui ne sont affermies dans la pratique des actions honnêtes que par le respect de l’opinion publique, voyant cette opinion toujours équitable à la longue dans les temps calmes, alors incertaine, égarée et souvent criminelle dans ses jugements, s’habituent à mépriser une voix qui leur tenait lieu de conscience; et si elles ne finissent bientôt par traiter de vaines illusions les devoirs les plus sacrés, il ne leur reste plus du moins assez de courage pour les faire triompher, dans le secret de leurs pensées, des impressions de terreur dont elles sont environnées de toutes parts. Poursuivez donc, mon ami, cet utile et noble travail: si la plus grande