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De ce côté, Mach emprunte au pragmatisme anglo-américain tout ce dont nous lui serons vraiment redevables: l’étude concrète, vivante, vraiment scientifique par tout ce qu’il y entre de bonne et sérieuse psychologie, des fonctions de la connaissance et de leur genèse, en un mot la psychologie génétique. Plût au ciel que nous soyons à jamais libérés, grâce à elle, des abstractions de la psychologie de l’ancienne école classique: elle parlait avec art et abondance de la connaissance réfléchie en l’opposant à la connaissance spontanée, de la raison pure, des principes rationnels, de l’activité créatrice de l’esprit et autres balivernes; elle croyait se moderniser tout à fait en prononçant le mot: méthode expérimentale, et en en empruntant les canons à St. Mill. Ceux qui, en tout cas, sauront lire, perdront, je l’éspère à parcourir le livre de Mach, toute espèce de goût pour ces quintessences.

Ils y perdront peut être aussi toute complaisance pour ce que le pragmatisme a ajouté à la psychologie génétique et qui précisément l’a mis a la mode. La mode n’a jamais fait qu’imiter des choses ce qu’elles ont de plus superficiel, de moins sérieux et durable. Aussi elle passe. Et Mach pourra contribuer à la faire passer, car, quoiqu’on en ait dit, l’assimilation des idées de Mach avec le pragmatisme doit s’arrêter ici. Mach est sous les apparences destructives de sa critique, un dogmatique. S’il intitule son ouvrage «erreur et vérité» c’est qu’il croit qu’il y a une erreur et une vérité — pas dans le vieux sens rationaliste du mot, ni dans le sens Kantien, c’est évident. Mais parce qu’il renouvelle le dogmatisme, en l’harmonisant avec tout ce que nous avons appris depuis, en lui donnant surtout le sens de l’histoire, son dogmatisme n’en sera qu’une arme mieux trempée contre le scepticisme.

Quels sont les enseignements de la psychologie touchant la genèse de la science? Mach résume dans cette première partie de son œuvre toutes les idées qu’il a si souvent exprimées dans - ses autres ouvrages. Le réel, tout le réel, l’absolu en un mot, c’est la sensation. Les sensations sont fonctions les unes des autres et leurs relations de dépendance les classent en deux groupes: celles qui sont indépendantes de notre corps, le milieu; — celles qui dépendent de notre corps, notre vie psychologique.

La science n’est qu’une analyse des sensations, en ce sens qu’elle cherche à déterminer toutes les relations de nos sensations. Au point de vue bio-psychologique, le résultat le plus général de cette étude est celui-ci: le vivant cherche à s’adapter au milieu. Conscience, pensée, raison sont des organes d’adaptation. La science est, par suite, une fonction biologique d’adaptation. A ce’ point de vue elle est le résultat des contingences historiques. Sa marche se fait par une suite d’efforts adaptatifs plus ou moins heureux. Nous appelons erreur l’effort malheureux, vérité l’effort heureux.