Discours prononcé à la barre de l'Assemblée nationale

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Discours prononcé à la barre de l'Assemblée nationale, par Madame Lacombe, le 25 juillet 1792, l'an 4e de la liberté
Assemblée nationale législative (1791-1792) (p. 1-3).

DISCOURS
prononcé à la barre
DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par Madame LACOMBE,
Le 25 juillet 1792, l’an 4e de la liberté.
Imprimé par ordre de l’Assemblée Nationale.




Législateurs,

Française, artiste & sans place, voilà ce que je suis. Cependant, Législateurs, ce qui devrait faire l’objet de mon désespoir répand dans mon ame la joie la plus pure. Ne pouvant venir au secours de ma patrie, que vous avez déclarée en danger, par des sacrifices pécuniaires, je viens lui faire hommage de ma personne. Née avec le courage d’une Romaine & la haine des tyrans, je me tiendrois heureuse de contribuer à leur destruction. Périsse jusqu’au dernier despote ! intrigans, vils esclaves des Néron & des Caligula, puissé-je tous vous anéantir ! & vous mères de famille que je blâmerois de quitter vos enfans pour suivre mon exemple, pendant que je ferai mon devoir en combattant les ennemis de la patrie, remplissez le vôtre en inculquant à vos enfans les sentimens que tout Français doit avoir en naissant, l’amour de la liberté & l’horreur des despotes. Ne perdez jamais de vue que, sans les vertus de Véturie, Rome auroit été privée du grand Coriolan.

Législateurs, vous avez déclaré la patrie en danger, mais ce n’est pas assez : destituez de leurs pouvoirs ceux qui seuls ont fait naître ce danger & ont juré la perte de la France. Pouvez-vous laisser à la tête de nos armées ce perfide Catilina, excusable seulement aux yeux de ceux dont il a voulu servir les infames projets ? que tardez-vous pour lancer le décret d’accusation contre lui ? Attendrez-vous que les ennemis, à qui tous les jours il fait livrer nos villes, arrivent dans le sénat pour le détruire par la hache & le feu ? Vous n’avez qu’à garder encore quelques jours un coupable silence, & bientôt vous les verrez dans votre enceinte. Il en est encore temps, Législateurs, élevez-vous à la hauteur qui vous appartient ; nommez des chefs à qui nous puissions donner notre confiance ; dites un mot, un seul mot & les ennemis disparoîtront. Signé F. Lacombe.

RÉPONSE DU PRÉSIDENT.

Madame,

Plus faite pour adoucir les tyrans que pour les combattre, vous offrez de porter les armes pour la liberté. L’Assemblée nationale applaudit à votre patriotisme, & vous accorde les honneurs de sa séance.



DE L’IMPRIMERIE NATIONALE