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NOTICE SUR L’ÉTHIQUE.

possible, si le salut était sous la main et si l’on y pouvait parvenir sans grand’peine, qu’il fût négligé par presque tous ? Mais tout ce qui est beau, est difficile autant que rare.»

Pendant le séjour à Rijnsburg fut rédigée dans sa première forme, et communiquée à quelques amis, la première partie de l’Éthique. Nous avons à ce sujet le témoignage de Simon de Vries[1] qui était comme l’âme du petit groupe recevant de Spinoza sa nourriture spirituelle et pour lequel avait déjà été composé le Court Traité[2]. Les disciples du maître se réunissaient pour étudier en commun sa doctrine. L’un d’eux lisait le texte envoyé de Rijnsburg et le commentait de son mieux ; les points embarrassants étaient examinés en commun, et, si quelque difficulté trop grande se présentait, on en prenait note et on demandait par écrit des éclaircissements à l’auteur. C’est ainsi que, dans la lettre[3] d’où nous extrayons ce renseignement, Simon de Vries signale comme embarrassante la troisième

  1. Simon Joosten de Vries, riche commerçant d’Amsterdam, un peu plus jeune que Spinoza, fut peut-être le plus dévoué de tous ses amis. C’est lui qui, d’après Colerus, voulut faire présent au philosophe d’une somme de 2.000 florins que celui-ci n’accepta point. Plus tard, sentant sa fin prochaine (il est mort en septembre 1667 d’après Meinsma : Spinoza en zijn Kring, p. 265), il voulut léguer toute sa fortune à Spinoza qui refusa encore ; il dut se contenter d’insérer dans son testament une clause par laquelle il obligeait son frère et héritier naturel, Isaac de Vries, à servir une rente à Spinoza. Isaac de Vries voulait que cette rente fût de 500 florins. Spinoza ne consentit à en recevoir que 300. — Voir Colerus, Vie de Spinoza, dans Freudenthal Die Lebensgeschichte Spinoza’s, p. 62.
  2. Voir, à, ce sujet, vol. I, p. 19.
  3. Lettre 8, datée du 24 février 1663.