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Il faut avouer que l’Esthétique est une grande et même une irrésistible tentation. Presque tous les êtres qui sentent vivement les arts font un peu plus que de les sentir; ils ne peuvent échapper au besoin d'approfondir leur jouissance.

Comment souffrir d’être séduits mystérieusement par certains aspects du monde ou par telles œuvres de l’homme, et de ne point nous expliquer ce délice ou fortuit ou élaboré, et qui semble d’une part indépendant de l’intelligence, — dont toutefois il est peut-être le principe et le guide caché, — comme il paraît d’autre part bien distinct de nos affections ordinaires, — dont il résume et divinise pourtant la variété et la profondeur?

Les philosophes ne pouvaient manquer de s’inquiéter de cette espèce singulière d’émotions. Ils avaient d’ailleurs une raison moins naïve et plus méthodique d’y appliquer leurs attentions, d’en rechercher les causes, le mécanisme, la signification et l’essence.