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Pagina:Gavuzzi - L'Adramiteno e le Favole di Esofago, Torino, Fontana, 1828.pdf/101

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d’équipage avec elle, faisant cet raisonnement: tout le Monde est envieux de ma peau, parce qu’elle sert merveilleusement à faire des corsets pour bien marquer la taille, et pour dresser le corps des plus belles demoiselles de la Terre: de-là vient, que des ennemis me poursuivent, et s’efforcent de m’égorger cruellement. Si j’entourerai mon corps de cette robe épineuse, je tiendrai bien ma mine, et personne n’osera de s’enrichir des mes dépouilles. Pendant que la Baleine faisait ses comptes, il survint une bande de charpentiers d’Hollande, qui allaient en cherche des aiguilles pour les dames de la Cour, qui doivent faire honnêteté à la Princesse d’Alençon, à qui l’on faisait la première fonction de la chaussure des culottes de son mari. Dès que lesdits charpentiers virent ce buisson si bien farci d’aiguilles modernes, ils lui sautèrent à l’environ pour la déraciner, et puis ils l’emportèrent chez-eux contents et glorieux. L’admirable Baleine à cet événement resta sans haleine, et fit cette réflection morale, savoir, qu’elle n’est pas tant malheureuse, que personne ne soit plus malheureuse qu’elle: se déroba de la vue du grand monde, s’enfonçant aussitôt dans la mer, renonça à l’ambition de changer la peau, remercia le Ciel et la Terre, et refusa l’héritage de sa commère.