Pagina:Goldoni - Opere complete, Venezia 1915, XX.djvu/367

Da Wikisource.

355

compassion. Elle représente à Arlequin que tout le bien qu’ils ont, ils le tiennent du Seigneur Steffanello, et qu’elle se croit obligée de secourir sa famille, par reconnoissance, par honneur, et par équité. Arlequin s’appaise, et veut bien ne plus faire de difficulté pour le passé; mais il ne se rend pas de même pour l’avenir; il veut que Pantalon, ses filles et Scapin soient renvoyés sous 24 heures. Camille trouve le terme trop court. Arlequin persiste et reste ferme dans sa résolution. Il menace Camille de la quitter et de l’abandonner si elle n’exécute pas ses volontés. Après quoi il sort.

SCENE IV.

Camille seule, et ensuite Pantalon.

Camille faite connoître qu’elle aime éperdument Arlequin, et qu’elle ne veut pas s’exposer à lui déplaire et à le détacher d’elle. Elle dit qu’elle a fait tout ce qu’elle a pû pour Pantalon; que c'est un homme raisonnable, qu’il aura égard aux circonstances où elle se trouve; elle se dispose en conséquence à lui annoncer son départ, quand elle le voit paroître. Pantalon lui dit en arrivant, qu’il a appris de Scapin la mauvaise volonté d’Arlequin, qu’il sent parfaitement la position où elle est. Il la remercie du bien qu’elle lui a fait jusqu’alors, et il lui annonce la resolution où il est de s’en aller. Camille est charmée de lui voir prendre son parti, et d’être délivrée de la peine quelle auroit eue à le lui annoncer; mais elle lui demande où il a dessein d’aller. Il répond qu’il n’en sait rien lui-même. Camille lui fait différentes questions, elle comprend par ses réponses, qu’il a ecrit à Venise pour faire vendre le peu de bien qui lui reste, qu’il n’en pourra pas recevoir le prix de quelques mois: que pendant ce temps là, il vendra tout ce qu’il peut avoir apporté à Paris tant pour lui que pour ses filles, principalement les livres de Clarice, et la musique d’Angélique; que ce sacrifìce sera bien dur pour ses pauvres filles et pour lui; mais cependant que l’honneur et la décence le forcent de partir, et qu’il partirà bientôt avec ses chers enfans