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M. Croiset essaie de définir la psychologie hellénique, valable aussi bien pour le temps d’Homère que pour le temps d’Alexandre, pour Sparte autant que pour Athènes. Mais le livre-même de M. Croiset fournit de quoi rétorquer les propositions énoncées dans son introduction: car c’est à d’autres causes qu’à la psychologie collective qu’il a recourt pour expliquer la «logique intime» de l’évolution athénienne, le passage de la royauté patriarcale à la domination des Eupatrides, les réformes de Solon et celles de Clisthène. Aux institutions économiques et religieuses où se mêlent des facteurs si divers, où les importations étrangères sont d’importance essentielle, M. Croiset consacre d’heureuses pages qui contredisent la thèse primitive, puisqu’il y prouve que ces institutions ont eu des effets considérables sur l’évolution politique, que la psychologie toute seule ne parvient plus à expliquer. Enfin, si entre les institutions athéniennes et lacédémoniennes il y a tant de dissemblances, n’est-ce pas que la psychologie des peuples n’explique pas tout, ou qu’il faut préciser un peu mieux qu’on ne le fait, — que ne le fait en particulier M. Croiset, — ce qu’on entend par peuples, ou mieux encore c’est qu’il y a des facteurs autres, plus complexes, plus difficiles à déterminer, avec le recul du temps et la pénurie des documents, mais nécessaires pour la compréhension totale des phénomènes sociaux et politiques. De même, si la psychologie grecque est constante dans ses éléments principaux, — et c’est bien ce que parait admettre M. Croiset, — comment parvient-on à expliquer, en partant d’elle seulement, la décadence des institutions démocratiques en Grèce? C est donc qu’il y a eu là l’action d’autres facteurs, de facteurs de dissociation, dont l’étude n’a pas été abordée, pas même pressentie par M. Croiset.

Avec toutes ces réserves, — on pourrait presque dire en raison même de toutes ces réserves, — le livre de M. Croiset est intéressant. Il nous apprend, ou plutôt il nous rapprend beaucoup de choses sur les institutions grecques, il pose des questions et force la réflexion à un travail incessant et fécond.

Paris.




Arnold Van Gennep - Les rites de passage - 1 volume, pp. II-288. Paris; Émile Nourry, 1909.


La vie de l’homme, comme de tout autre animal, considérée au point de vue biologique, présente l’aspect d’une unité bien ordonnée et bien agencée, d’un phénomène continu et dont la continuité n’est pas susceptible de solution, qui se déroule entre les deux limites de la naissance et de la mort. Entre ces deux