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psychologique, quelle que soit la nature de ce dernier facteur; (pour lui, évidemment, elle est transcendante). La science a donc juridiction légitime et seule elle a juridiction sur tous ces moyens d’expression. Et l’entente la plus complète peut régner sur ses méthodes et ses conclusions. Il n’y a que la cause première qui soit écartée du débat. Et avant qu’on l’atteigne, même pour ceux qui, comme nous, pensent avec M.r Leuba que rien n’est transcendant à la science, il y a un large terrain d’accord, pour longtemps. L’école de Louvain d’ailleurs s’est fait remarquer dans nombre de questions secondaires par son esprit positif, ses méthodes scientifiques, dans l’étude des faits. Son catholicisme ne répugne nullement à un rationalisme scientifique dont la grande tradition scolastique était du reste absolument imprégnée. Car ne l’oublions pas, la vraie, la grande philosophie de la qualité depuis Socrate jusqu’à la Renaissance, et surtout avec Aristote fut absolument rationaliste, voire intellectualiste pour employer le mot — un peu méprisant — par lequel on désigne cette tendance chez ceux sur qui a soufflé l’esprit nouveau.

La conclusion du débat sur ce point c’est donc que la psychologie positive et scientifique a vraiment triomphé à Genève: j’entends par là, en face de la nouvelle expérience immédiate à laquelle les métaphysiciens pourront toujours faire dire ce qu’ils veulent, l’expérimentation contrôlable. En face de la poésie, si élevé qu’elle soit, la sévère, mais universelle leçon des faits. De cette victoire, le dernier vote du congrès sur la question est bien significatif. La majorité a adopté le vœu que la question de la psychologie des faits religieux ne fût pas remise à l’ordre du jour du prochain congrès. Pourquoi? C’est qu’on a jugé avec raison que la question de la méthode était résolue. Il ne pouvait plus y avoir place que pour les professions de foi individuelles purement méthaphysiques, et celles-ci ne pouvaient qu’embarrasser la discussion comme on l’avait vu à Genève. Car elles peuvent continuer à perte de vue, sans qu’elles puissent jamais arriver à un résultat positif ou utile. La cause, dans tout le domaine où l’on pouvait s’entendre, était donc entendue.

Mais la méthode positive qui avait triomphé n’était nullement la méthode du rationalisme étriqué qui prolongea la critique du XVIIIe siècle. Ce n’était pas non plus la méthode simpliste des premiers psychologues positivistes. C’était une méthode de haute impartialité, considérant les faits religieux comme des manifestations importantes et normales de la vie psychologique les examinant sans parti-pris, et accueillant toutes les sources de renseignement, la physiologie et la pathologie d’une part, l’histoire des religions, les témoignages des individus (des mystiques par exemple) d’autre part, faisant entrer dans son champ