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Pagina:Ascensioni umane Fogazzaro.djvu/252

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226 Ascensioni umane

conception du monde et de la vie dont mon être est pénétré. Depuis mes essais littéraires jusqu’à mes essais philosophiques, depuis mon premier poème jusqu’à mon dernier roman, tout ce qui est sorti de ma plume est fortement coloré, je puis bien le dire, du sang de mon cœur, où des idées lentement, longuement élaborées par la pensée, par l’étude, par la vie, ont pénétré peu à peu, ont fondu dans mes amours, les ont rendus raisonnables et en sont devenues passionnées. L’âge et le malheur, en amoindrissant à mes yeux le prix de tout le reste, n’ont fait qu’accroître mon dévouement pour elles et lui donner le caractère d’un devoir absolu. Elles tiennent étroitement à des vérités si hautes au-dessus de moi, si inébranlables en elles-mêmes et dans mon esprit, qu’après leur avoir consacré mon œuvre d’écrivain, je suis heureux et fier de me dire à leur égard un inutile serviteur. Je ne pouvais donc me dispenser, puisque l’occasion m’en était offerte, de venir témoigner d’elles devant vous, et je le ferai en tant qu’artiste, je rendrai hommage à ce que je pense être une loi suprême de l’Art, tout à fait indépendante dans son principe des volontés humaines et dont l’action est visible dans l’avenir autant que dans le passé. Aussi vous parlerai-je presque en témoin de l’avenir, quoique je sache fort bien que