Pagina:Berchet, Giovanni – Poesie, 1911 – BEIC 1754029.djvu/8

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dans la petite composition suivante, á travers les accessoires d’invention, ce fond d’histoire et de vérité, que l’on regarde aujourd’ hui cornine la base indispensable de toute poésie sérieuse et forte, et qui, partout oú il existe, ajoute á l’intérét et aux beautés de l’art, ou supplée jusqu’á un certain point á l’insuffisance du talent de l’artiste. A ce titre du moins, et en faveur du sentiment qui me les a dictés, j’espère quelque indulgence pour les vers suivants. Les particularités historiques, auxquelles je n’ai pu faire allusion que d’une manière vague et sommaire, sont en fort petit nombre. Elles seront éclaircies dans quelques citations ajoutées, en forme de notes, au texte du poème. Il sera facile aux lecteurs qui souhaiteraient des informations plus amples, de recourir aux ouvrages mémes d’oú j’ai tiré les renseignements auxquels j’ai cru devoir me borner. Que la perfidie du cabinet britannique envers les parganiotes ait été, en Angleterre comme partout, un sujet d’ indignation et de douleur pour les ámes honnétes, c’est un fait incontestable, avéré et que je reconnais avec plaisir. J’espère donc n’avoir blessé, en Angleterre non plus qu’ailleurs, aucune personne de caractère et de sentiment, de celles dont j’ambitionne et voudrais mériter le suffrage. Rien du moins, je le proteste, n’a été plus loin de mes intentions. Les peuples de l’ Europe ne sont ni ne peuvent ètre sérieusement ennemis les uns des autres, et moins que jamais aujourd’ hui qu’ils se trouvent presque tous dans un état de souffrance, oú la douleur concourt avec la raison et les lumières á développer parmi eux ce sentiment de nationalité européenne qui commence á les rapprocher. Le lieu oú se passe l’action est Corfou, oú l’on sait que se refugièrent quelques uns des parganiotes, tandis que la plupart préférèrent, pour s’y retirer, la petite ile de Paxos. Pour entrer dans le sujet, il faut supposer que l’un des parganiotes fugitifs, assis sur la còte de Corfou, en face de l’ Épyre, d’oú il contemple des yeux du désir sa chère Parga, qu’il apergoit dans l’ éloignement, est saisi d’un accès de délire et de désespoir, á l’instant mème oú un voyageur anglais (Henri), auquel il ne fait pas attention, est sur le point d’aborder