Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/38

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IV


Et voici le printemps de notre amour. Exulte
dans ton sang et jubile au bout de ta douleur,
45quand même tu n’aurais à cueillir d’autre fleur
que le héros jailli de la racine occulte.
 
«Sonnerai l’olifant», dit l’Ancêtre. O tumulte
de tes chênes! O vent de l’immense clameur!
Hauts sont tes puys, tes vaux profonds. On meurt, on meurt,
50et chacun de tes morts dans ta beauté se sculpte.
 
Entendez le signal, combattants, combattants,
âmes prises aux corps corame aux ceps le printemps,
comme aux poignets les fers, les bannières aux hampes.
 
Roland le comte sonne; et tout en est fumant,
55et en saigne sa bouche, en éclatent ses tempes
«Frappez, Français, frappez! C’est mon commandement!»

5 mai 1915.