Pagina:Ferrero - Leonardo o dell'arte, 1929.djvu/37

Da Wikisource.

31

fin étrangère au concept d’elle-même qu’elle s’est trouvé par le développement pur de sa technique, et par la conscience qu’elle a prise de la valeur propre de ce développement; et tout le monde sait combien cette liberté de son art qui semblait devoir la conduire fort loin du réel, dans un monde de jeux, de difficultés et d’élégances inutiles, l’a merveilleusement assouplie et armée pour seconder le physicien.

Un art des idées, un art de l’ordre des idées, est-ce là une conception toute vaine? Je trouve permis de penser que toute architecture n’est pas concrète, toute musique n’est pas sonore. Il y a un certain sentiment des idées, de leurs analogies, qui me semble pouvoir agir et se cultiver comme le sentiment du son ou de la couleur; même, j’inclinerais assez, si j’avais à proposer une définition du philosophe, à la fonder sur la prédominance dans son être de ce mode de sensibilité.

Je crois que l’on naît philosophe, comme l’on naît sculpteur ou musicien; et que ce don de la naissance, s’il prit jusqu’ici pour pré-