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ou d’autre facon. Je vous citerai Mr. de Belloy1 que vous connoissés et que vous admirés. L’honneur que lui a fait son Titus imprimé l'a bien dedomagé des coups qu’on lui avoit injustement portés à la représentation, et il a été encore bien mieux vengé depuis par les constant et justes applaudissements qu'a eus et qu'aura toujours sa Zelmire, dont vous vous propose d’enrichir votre Patrie2.

Je ne dois pas finir ma lettre sans vous observer que je suis entierement de votre avis sur les Pièces à cannevas, et sur les scenes à l' impromptu. Je n'ai pas entendu dans ce que je vous ai dit, qu’il falut absolument en priver le Théâtre Italien, ni que vos Comédies dussent en exclure celles qui y sont. Il y a au Théâtre François des Comédies de differens genres; il n’y a point d’inconvenient qu’il en soit de même pour les Comédies Italiennes. Cette variété peut au contraire être quelquefois utile à nos plaisirs. J’ai dit seulement, et je le repéte, qu’il est bien à souhaiter que votre genre devienne le dominant, et que vous soyés assez ferme pour ne le point affoiblir dans vos compositions, par le mélange de l'autre.

Vous avez du voir que dans ce que je vous ai dit de la Comédie Italienne, je n'ai parlé que du genre Italien en particulier, et non du Théâtre Italien en general; si j’avois eû pour objet les autres genres que ce Théâtre réunit, soit en pièces Françoises, soit en pièces de Musique, je n'aurois pas manqué de vous marquer le cas que je fais et des pièces et des Acteurs. Mais comme les justes éloges qui leur son dus, sont étrangers au sujet de ma lettre, je chercherai avec empressement une autre occasion de leur payer ce tribut, dont j’aurois tant de plaisir à m’acquiter ici.

A votre égard, Monsieur, je vous ai parlé peut être trop librement, mais comme dit votre Philosophe Anglois, dans votre Comédie de ce titre.

Soglio agli amici in faccia
Dir con rispetto il vero, ancor quando dispiaccia3.

  1. Pietro Lorenzo di Belloy (1727-1775). autore del Tito (1758) e della Zelmira (1760), riportò nel 1765 un effimero trionfo con l’Assedio di Calals, tragedia patriottica, attinta dalla storia di Francia.
  2. Il Goldoni non mantenne tale proponimento.
  3. Atto I, sc. 2: v. vol. X, pag. 318.