Vai al contenuto

Pagina:Goldoni - Opere complete, Venezia 1923, XXII.djvu/343

Da Wikisource.

L'AVARE FASTUEUX 335


monsieur1 de Chateaudor possedè une bibliothèque de dix mille volumes tous choisis? Un homme d’esprit comme vous sait tirer parti de tout. Vous verrez, par exemple, si le souper de ce soir ne pourroit pas vous fournir quelque nouvelle idée, quelque idée poétique2

Jacinte. Cela se pourroit bien.... mais j’ai pensé à quelque chose de plus essentiel: j’ai entassé dans l’épitre un abrégé de votre genealogie.

Chateaudor. (Froidement) De ma genealogie! non, non, mon cher ami, je n’aime pas trop les généalogies.

Jacinte. Monsieur, comme il vous plaira. Mais j’ai fait des découvertes qui m’ont couté beaucoup de peines et beaucoup de travail3 et je serois bien aise que vous en fussiez instruit.

Chateaudor. Vous avez fait des découvertes qui me regardent?

Jacinte. Oui, monsieur.

Chateaudor. (D’un ton d’amitìé) Mon pauvre monsieur Jacinte, voyons, voyons.

Jacinte. Votre nom primitif de famille n’est-ce-pas du Colombier?

Chateaudor. Oui, mais il n’est pas nécessaire....

Jacinte. Ecoutez-moi de grâce. Christophe Colomb qui a découvert l’Amerique, et qui a été ennobli par le Roy d’Espagne avoit deux frères, et plusieurs neveux. J’ai trouvé qu’un des neveux de Colomb étoit passe de l’état de Gênes sa patrie au comtat Venaissin. Je prouve, que par corruption on a changé le nom de Colomb en celui de du Colombier, et je démonstre, mais à l’évidence, que vous descendez de cette ancienne famille.

Chateaudor. (D’un air content) Vous le démontrez à l’évidence?

Jacinte. Oui, monsieur, et en voilà la preuve. (il lui presente un cahier)

Chateaudor. Mais je crois que vous avez raison... En verité je ne saurois que dire, je n’aime pas l’ostentation, vous le savez bien, mais je vois avec plaisir que votre travail pourroit vous faire beaucoup d’honneur, et je n’ai pas le courage de vous empêcher de le publier.

  1. Manoscritto: M.r
  2. Manoscritto: poëtique.
  3. Nel manoscritto c’è il punto fermo.