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ou là. Après l’acte qui les libéra, tous les négres d’Amérique voulaient, parait-il, que leurs enfants apprissent le latin. Si même cet état d’esprit se reproduit de temps en temps, il ne faut pas s’en préoccuper. Il est assez évident que la connaissance sommaire de l’antiquité classique, indispensable à l’intelligence du temps présent, peuf s’acquérir avec la langue vulgaîre.

En France, les langues mortes vivaient encore un peu, il y a cinquante ans; les gens cultivés relisaient leurs auteurs et en récitaient les beaux passages, dans la conversation, sans effaroucher les femmes. Quelques fonctionnaires eu retraite traduisaient Horace et même Anacréon. Dans les discours prononcés au Corps législatif, les citations latines n’étaient pas rares. Aujourd’hui, ni les prêtres qui siègent à la Chambre des députés, ni les grands maîtres de l’Université, ni M. Jaurès ne prononcent jamais un mot latin. Qu’on demande aux hommes qui n’ont pas quarante ans combien de fois, depuis leurs classe, ils ont ouvert un livre latin ou grec! On n’étudie le latin et le grec que pour les étudier, au moment où on les étudie. C’est là le type de ce qui doit disparaître. Au reste, les langues mortes resteront un objet d’étude scientifique et ceux qui s’y adonneront pourront, en se regardant comme une élite intellectuelle, augmenter la jouissance que leur causera cette étude. À cela, je ne vois aucun mal. Dans l’enseignement secondaire, les langues mortes doivent faire place aux langues vivantes et aux sciences positives.

Ce n’est pas pour elles-mêmes, non plus, que les unes et les autres doivent être étudiées; la connaisance des langues vivantes a pour but la communication avec ceux qui les parlent et qui les écrivent, l’intelligence de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils sentent, de ce qu’ils ont pensé et senti. Le programme est assez vaste. On n’en remplira jamais qu’une faible partie.

Les sciences, les sciences proprement dites, les mathématiques, la physique, la chimie, la biologie, sont à la porte de la citadelle occupée encore par les classiques; elles veulent entrer, leurs bataillons grossissent d’heure en heure; la brèche est ouverte; il va falloir céder la place, si l’on ne veut pas que tout soit démoli, brisé, saccagé. N’oublions pas qu’il y a de précieux trésors à sauver, des trésors de beauté, de justice et de tendresse que nos ancêtres nous ont légués, qu’il faut