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termes abstraits: il faudrait que l’idée morale penétrât tout l’enseignement, qu’elle s’y diffusât partout. Cette nécessité a été vivement ressentie par les humanistes et les grands éducateurs chrétiens; ils ont su créer une longue tradition, où le souci du développement moral des enfants se montre clairement dans la choix des textes et des exemples; les uns et les autres étaient accessibles aux enfants. Les anciens nous ont conservé des exemples héroïques; ils ont su revêtir d’une forme très belle quelques idées simples, dont le souvenir éclate parfois en nous avec l’accent joyeux et impératif d’une sonnerie de clairon. Si, comme je le crois, l’étude des langues anciennes doit disparaître, il faut bien s’efforcer de retrouver ailleurs ce qu’elle apportait, de precieux pour la formation morale des enfants. Vouloir qu’on trouve la même vertu dans l’étude des sciences serait enfantin. Peut-on même espérer qu’on retirera de cette étude quelque bénéfice, à ce point de vue? C’est une question.

Quelques-uns répondront: non, en toute franchise. On va même plus loin, en soutenant que notre conscience morale n’a rien à faire avec la science: elle s’est constituée peu à peu, chez nos ancêtres, bien avant toute science; elle nous a été léguée telle quelle; c’est un trésor provisoire qui a été utile, pour la formation des sociétés, qui peut l’être encore, mais qui n’a aucune valeur réelle, et dont la science, en se développant, montrera la vanité; il n’est pas encore temps de le dire, et il convient, pour ne pas se faire de chagrin et n’en point, faire aux autres, de se laisser aller à l’observance des règles que l’hérédité et l’éducation nous ont inculquées.

Ce que l’on soutient ainsi de notre conscience morale, on peut aussi bien le soutenir de notre raison; comme elle, elle s’est formée avant la science et c’est elle pourtant qui a rendu la science possible. Qu’y a-t-il au fond de notre conscience? Nous jugeons que tous les actes n’ont pas la même valeur, que les uns sont bons, que d’autres sont mauvais; nous affirmons certaines obligations; nous nous réjouissons du bien, nous souffrons du mal que nous avons commis. C’est là un fait: nous sommes ainsi. Nous n’ignorons pas que nous nous trompons souvent, et que notre conscience est parfois mal éclairée. Il est fort probable qu’une connaissance moins imparfaite des conséquences de nos actes, de nous-mêmes et du milieu modifiera notre «table des valeurs»; je n’imagine