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pour les théorèmes de la géométrie qui se traduisent, à notre choix, en propriétés de l’espace euclidien ou en propriétés des espaces non-euclidiens (pp. 62-72). Notons toutefois que, si la science choisit arbitrairement ses représentations, elle a le devoir de les choisir simples: son choix se trouve par là considérablement restreint (p. 122).

Il convient de prendre les théories pour ce qu’elles sont (des instruments de recherche) et de ne point s’égarer dans de vaines discussions sur la nature réelle des phénomènes. «De nombreux physiciens, avons-nous dit, ne se préoccupent pas de savoir si la chaleur est ou non un mode de mouvement; ils n’en appliquent pas moins les lois générales de la thermodynamique qui sont indépendantes d'hypothèses spéciales sur la nature de la chaleur. Pareillement, ils ne se posent aucune question sur ce que c’est que l'électricité; ils n’en bâtissent pas moins, avec Helmoltz et Gibbs, une théorie de la pile, et de ce que l’énergie mécanique est transformable en énergie électrique, il ne cherchent pas à conclure une théorie mécanique de l’électricité» (p. 328).

Les explications scientifiques, dont M. Picard montre ainsi la relativité, sont-elles du moins des explications adéquates? M. Picard ne le pense pas. Après avoir discuté les conditions sous lesquelles l’explication mécanique d'un phénomène naturel sera possible, il conclut qu’une telle explication ne sera jamais qu'approchée. «Dans des catégories étendues de phénomènes, en portant son attention sur des variables bien précisées dont le rôle est regardé comme prépondérant, on pourra former entre ces variables des relations fonctionelles (en général équations différentielles) se rapprochant le plus possible de ce qu’exigent les postulats fondamentaux de la mécanique rationnelle, relations dont la forme particulière est fournie par des expériences ou observations simples, et qui permettront de prédire dans des cas plus complexes l’état futur du système. Quand il en est ainsi, on dit qu’on a une explication mécanique du phénomène» (p. 126). Mais, d’une manière générale, la science ne nous donne que des approximations successives. Les Mathématiques elles-mêmes n’ont pas le caractère absolu q’on leur attribue d’ordinaire (p. 25).

Ainsi M. Picard fait sienne cette conception idéaliste et opportuniste de la science qui a tant d’adeptes parmi nos contemporains. Mais il insiste en même temps, et avec beaucoup de force, sur une idée d’un ordre différent.

S’il est vrai que la science n’est qu'un compromis, qu’elle vit d'expédients et au jour le jour, ne devons-nous pas penser que tous les moyens lui sont bons, qu’elle fera flèche de tout bois, et que les diverses méthodes scientifiques iront se différenciant de plus en plus? M. Picard ne le croit pas: il pense au