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les liquides cristallisés 227

le second il n’en aura pas. On verra plus loin d’autres exemples plus frappants du même fait. Autrement dit, dans la cristallisation deux sortes de forces interviennent, les unes d’orientation, les autres d’attraction; suivant la nature du corps, la température, la pression, ces forces varient d’intensité, et en général, lors de la fusion du corps, en même temps que les forces d’attraction diminuent beaucoup, les forces d’orientation disparaissent. Mais pour certains corps ces dernières subsistent après la fusion, et l’on se trouve en présence d’un corps cristallisé liquide.

Cette introduction, que l’on trouvera bien longue, était cependant nécessaire pour montrer que rien dans les théories cristallographiques ne s’oppose à ce que l’on admette l’existence des cristaux liquides: toutes les difficultés que l’on a soulevées, proviennent d’une trop grande confiance dans la partie mathématique de ces théories, qui, comme presque toujours, cache le côté physique de la question.

Le premier exemple de cristal liquide mon a été signalé par M. Lehmann en 1877: il a montré à cette époque que l’iodure d’argent, qui à la température de 146° devient assez mou pour avoir été longtemps considéré comme un liquide visqueux, est en réalité cristallisé, le plus souvent en octaèdres. Mais ces cristaux mous présentant de véritables formes cristallines et étant monoréfringents, la remarque de M. Lehmann passa complètement inapercue, malgré son importance, et il fallut la découverte d’un liquide biréfringent, faite en 1888 par M. Reinitzer, pour attirer l’attention des cristallographes et des physiciens. Ce savant constata en effet que le benzoate de choléstérine donnait naissance, à la température de 145°,5, à un liquide très biréfringent, qui à la température de 178°,5 devenait isotrope. Depuis on a découvert d’autres corps jouissant des mêmes propriétés, et leur étude a donné lieu à de nombreux travaux. Les résultats des recherches ont été ces dernières années longuement exposées dans deux ouvrages remarquables, publiés par les savants qui se sont le plus occupés de la question, MM. Lehmann et Schenck1. Le premier s’est surtout placé au point de vue cristallographique: il a fait une étude détaillée de ces liquides si curieux, et en

  1. Lehmann - Flüssige Kristalle. — Schenck - Kristallinische Flüssigkeiten.