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analisi critiche 187


ment de la vie individuelle ou de la structure sociale, il faut qu’il quitte le compartiment dans lequel il s’est trouvé précedemment, il faut qu’il s’en sépare. A cette première étape du passage correspond une première série de rites, ayant pour but d’effectuer la séparation complète et entière de l’individu d’avec son ancien milieu. C’est ce que M. Van Gennep appelle les «rites de séparation», ou «rites préliminaires». A la suite de l’accomplissement de cette première série de rites l’individu est séparé de son ancien milieu; mais il n’est pas encore entré dans son nouveau compartiment, car la séparation d’avec un milieu donné n’entraine nullement ex ipso l’entrée dans un milieu nouveau; entre la sortie de l’ancien et l’entrée du nouveau milieu il faut que l’individu passe par un état intermédiaire de purification — ceci du moins est l’idée originelle qui est à la base de la conception de la «marge». L’individu, à la suite de la sortie de son ancien compartiment est donc en dehors de tous les compartiments dont l’ensemble constitue la vie individuelle ou la structure sociale. Il n’en appartient plus à aucun, il est isolé, il est en marge de la société. C’est la deuxième étape de son passage au compartiment nouveau qu’ il doit désormais habiter, l’étape de la marge. A cette seconde étape correspond une nouvelle série de rites, dits «rites de marge», ou «rites liminaires». L’individu ne peut toutefois rester indéfiniment en marge de la société; en fait, la période de marge est parfois si courte qu’on ne s’en aperçoit à peine. Il faut donc que l’individu entre dans son nouveau compartiment; il faut qu’il soit agrégé à son nouveau milieu. Nous voici arrivés à l’étape finale du passage; l’ancien milieu est définitivement abandonné, les dernières traces en ont été effacées pendant la période de marge, et l’individu peut être reçu solennellement dans la nouvelle catégorie d’individus dont il fait dès maintenant partie. Cette agrégation de l’individu à sa nouvelle catégorie s’accompagne naturellement d’une troisième série de rites, que M. Van Gennep désigne sous le nom de «rites d’agrégation», ou «rites postliminaires».

Ainsi les rites de passage se subdivisent, d’après les différentes étapes de chaque passage, en rites de séparation, de marge et d’agrégation. Mais ces différentes catégories de rites «ne sont pas également développées chez une même population, ni dans un même ensemble cérémonie! Les rites de séparation le sont davantage dans les cérémonies des funérailles, les rites d’agrégation dans celles du mariage; quant aux rites de marge, ils peuvent constituer une section importante, par exemple dans la grossesse, les fiançailles, l’initiation, ou se réduire à un minimum dans l’adoption, le second accouchement, le remariage, le passage de la 2e à la 3e classe d’âge, etc.». (p. 14). D’ailleurs le schéma