Pagina:Sonetti romaneschi III.djvu/394

Da Wikisource.
384 Sonetti del 1834

qui les reçoivent. On comprendra comment, malgré toutes les économies, béatification et sanctification coûtent toujours assez cher. Heureusement, le nombre des saints est déjà assez grand, grâce à tous ceux qui ont autrefois obtenu cet hon. neur sans frais; mais les saints et béats, à titre onéreux, sont peu nombreux, et je crois que, de nos jours, nous ne les verrons pas beaucoup augmenter. Les riches prèfèrent, pour eux et leurs descendants, les actions du chemin de fer aux brevets de sainteté pour leurs aïeux. Aveuglement des tems, dit Rome! Les agens de la cour papale ont bien soin de faire remarquer ec beaucoup d’habileté que ceux qui ont des saints dans leurs familles, ne peuvent manquer d’en retirer des avantages matériels, car Sa Sainteté doit avoir des égardes particuliers pour les parents des saints; mais l’arithmétique, cette grande conseillère des tems modernes, répond qu’elle n’y trouve pas son compte; les héritiers se contentent que leurs auteurs soient en paradis, sans titre, et avec l’argent de la succession, ils jouent à la bourse. Je connais des familles auxquelles on a fait des propositions de ce genre, qu’elles n’ont pas voulu comprendre. Les courtiers de saints sont obligés de s’adresser aux ordres religieux, qui ne peuvent se dispenser d’obéir: quoique riches, ils tâchent de réunir les fonds par subscription, et ce sont alors les imbéciles qui payent. Le Pape, jaloux de faire un saint, et ne voulant pas rester en arrière de ses prédécesseurs, concourt lui-même à la dépense, ou pour mieux dire, y fait contribuer l’état: ce sont alors les peuples qui payent, ce qui fait que ces hypothétiques protecteurs sont, en attendant, une véritable calamité." Pianciani, Op. cit., vol. I, pag. 461-70.]