Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/22

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II


Voyez, je tremble. Voyez, je chancelle,
je suis ivre d’amour et d’épouvante.
Il vient, Il vient le Seigneur invoqué.
25Il enflamme la nuit; et l’on n’entend pas,
dans le vertige du sang,
le battement de sa force.
Or, Il dit: «Qui donc enverrai-je,
ô annonciateur de choses saintes?
30Qui donc ira pour nous?»
Je dis: «Me voici. Envoyez-moi, Seigneur.
Avec quel signe? pour quel pacte?»
Je connais le signe, je sais le pacte.
J’obéis à son commandement
35et j’accomplis le vœu de mon âme.
Je n’ai plus de chair ni d’os
autour de mon âme haletante
pour franchir les fleuves et les monts.
Déjà sur la borne milliaire,
40à la clarté des Pléiades,
je lis le nom ineffable.
Et j’entends les chevaux des Dioscures hennir.