Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/23

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III


J’entends sur l’antique basalte,
dans la mine d’Ostie,
45résonner le pas de Celle qui seule
rompt l’incertitude du combat.
Vient elle du bois de Laurente?
Va-t-elle vers la route des Tombeaux?
Elle marche le long des môles noyés,
50elle passe entre les deux pierres droites
qui désignent la Porte Marine.
N’écoute-t-elle pas si la Nef
chargée de la fortune de Rome
fend de nouveau la vase
55du fleuve blond? Les lauriers,
autour de ses tempes, se hérissent
et brillent comme les fers des javelots;
car elle sait de quelle herbe,
bien plus âpre que la verveine,
60faudra-t-il couronner la proue aiguë,
et de quel sang, bien plus noir
que l’égorgement de la génisse sans tache,
faudra-t-il teindre la poupe carrée.