Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/31

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XI


Nous sommes les nobles, nous sommes les élus;
et nous écraserons la horde hideuse.
Nous combattrons, la face à la lumière.
Nous sourirons quand il faudra mourir.
215Car, pour les Latins, c’est l’heure sainte
de la moisson et du combat. O femmes,
prenez les faucilles et moissonnez!
Apprêtez le pain nouveau
à la faim nouvelle! Vos hommes
220frapperont fort, serrés comme les épis,
dans la bataille, rang contre rang,
comme les blés drus sous le vent d’est.
O Victoire, moissonneuse farouche,
je sens sur mon front, dans l’attente,
225la fraicheur du matin.
Comme le prêtre de Mars aux enfants de Lanuve,
je dis: «Vous avez entendu ce qui plait au dieu.
Hâtez votre heure, obéissez, partez.
Vous êtes la semence d’un nouveau monde.
230Et les aurores les plus belles
ne sont pas encor nées.»