Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/30

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190Ton jour est proche! Voici ton jour doré!
Ta sœur se tient debout dans le soleil.
Elle a vêtu sa robe guerrière de pourpre.
Elle a mis de doubles ailes à ses pieds nus.
Lavée dans ses pleurs ardents,
195lavée dans son sang amer,
fleur sublime de la discorde,
elle ne fut jamais si belle,
aux jours mêmes de ses royautés.
De toutes ses plaies qui gouttent
200elle fait une rosée merveilleuse;
avec la multitude de ses maux
elle rallume l’étoile de son matin!
Sa volonté de vaincre, dans ses yeux clairs
luit comme la hache à deux tranchants.
205Elle est prête à chanter, comme l’alouette,
sur tous les sommets de la mort.
Rassise, de ses mains infatigables,
elle tissera la toile du monde nouveau.
Qui est contre elle, sinon le barbare?
210Et qui sera près d’elle, sinon toi?