Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/29

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IX


Je te le dis, je ne te donnerai pas de trêve
170jusqu’à tant que mon souffle
soit chaud entre mes dents.
Mon dieu m’a fait un front plus dur que leurs fronts.
Les strophes vengeresses, forgées pour l’infamie
comme pour le fer qu’on chauffe au rouge
175pour flétrir la joue et l’épaule
du traître et du larron
tu les laissas mutiler, en silence,
par la main vile du châtreur;
et je bus en silence mes larmes,
180qui armèrent mon âme secrète
d’une amertume immortelle.
Or, je te jure, par tes sources et tes fleuves,
par tes trois mers et tes cinq rivages,
par tes enfants non conçus encore,
185par tes ancêtres non encore vengés,
je te jure que tu sculpteras
avec l’acier froid chaque syllabe
dans la pierre de Pola romaine
sur l’Adriatique reconquise au Lion.