Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/28

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VIII


N’oublie pas les potences chargées de tes martyrs,
et cette corde inusable
150dont le Pendeur décrépit
ceignit ses reins, pieux
cordelier du Gibet.
N’oublie pas les mains lourdes de bagues
que l’Autrichien fuyard coupait en hâte
155aux poignets de tes femmes hurlantes.
Qu’elles giflent l’Oint du Spielberg,
chaque nuit, dans ses rêves mornes,
sur l’oreiller taché,
jusqu’à l’heure du trépas!
160Qu’elles se dressent contre sa prière,
chaque matin, dans la maison de Dieu,
quand il fléchit ses vieux genoux, qui craquent
comme le bois des fourches,
pour recevoir l’hostie pure
165sur sa langue empâtée!
Souviens-toi. Je veux peser ma haine
dans ta balance. Je veux brûler ton cœur, sans trêve,
avec des mots pour brandons.