Pagina:D'Annunzio - Canti della guerra latina, 1939.djvu/27

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VII


Vae victis! Les quatre vents du monde
soufflent la bataille,
sur la mer où les phares s’éteignent,
130sur le continent qui s’éclaire
au fond des villes embrasées.
Vae victis! La force barbare nous appelle
au combat sans merci.
Comme la horde traînait
135dans ses chariots couverts de peaux fraiches
les concubines innombrables
pour les rassasier de carnage
et les enivrer d’hydromel,
ainsi elle amène toutes les hontes
140derrière ses hommes comptés en bétail à deux pieds,
pour qu’ils couchent avec toutes dans leur sang épais
qui est le rouge frère de la boue,
tandis que le vautour à deux têtes,
le maître puant au double cou dénudé,
145pousse son cri lugubre et rejette
la charogne mal digérée.
Vae victis! Souviens-toi de Mantoue.