Pagina:Leopardi - Epistolario, Bollati Boringhieri, Torino 1998, II.djvu/724

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morceaux de vous étaient les seuls bons. C’est presque vrai. Je suis fàché de vous avoir produit deux fois en mauvaise société, dans le Hesperus et là. Mais que voulez-vous. A Paris il est impossible de savoir quel journal est bon en Allemagne, et il faut s’en fier aux editeurs que l’on en connait. Pour la réimpression de vos Canti, j’ai quelque espoir de le faire par Bothe. Quant à vos 2 prose inédites, si elles sont revues, envoyez me les aussitòt que possible; j’en tirerai le meilleur parti que je pour- rai; mais je n’en disposerai pas avant de vous avoir consulté après les avoir lues moi-mème. Moi, après avoir fait un voyage superbe en Allemagne, c.àd. à Vienne et à Berlin, rentré à Paris j’ai trouvé les portes fermées. M. Mablin, le titulaire, duquel je remplissais les fonctions à la fin du der- nier sémestre se porte bien et reprend son cours, de manière que je suis suppléant comme un évèque in partibus infidelium. C’est à quoi je devais m’attendre. Mais je suis étrangement vexé de la foi Punique de M. Guigniaut qui après m’avoir fait écrire à Berlin par Hase qu’il me donnerail la chaire d’Allemand à l’Ecole Normale, me dit à mon retour qu’il n’avait pas osé le faire de crainte de me nuire aux yeux de l’autorité, parceque 9’aurait été s’avilir que de descendre du rang d’un professeur de philologie grecque à l’École Normale à la position d’un maitre de langue allemande. Je dois des ménagements à G. et je n’ai pas osé lui dire toute ma pensée. Mais il me semble que tout en donnant des le^ons d’Allemand je n’en aurais pas moin été celui que je suis, et de plus il me semble que pour ètre loyal on aurait bien pu me consulter afin de s’assurer que je ne voudrais pas ètre maitre d’Allemand. Ainsi voilà ma position actuelle. Mablin, avec lequel je suis très-bien, peut tomber malade, d’un jour à l’autre et je serai le boucbe-trou; mais la place je ne Paurai jamais, parce que Cousin, en fanfaronnant à sa manière, a dit qu’il n’avait trouvé que moi en France capable de fonder une école de philologie. Là dessus toute PUniver- sité s’est levée en masse contre moi, qui ai à la vérité des connaissan- ces philologiques que personne ne me conteste, mais qui manque des 2 qualités sans lesquelles on n’entre jamais dans le sanctuaire ici, moi qui ne suis ni Fran9ais, ni docteur de l’Université. Il est vrai que Pon veut me naturaliser fran9ais, il est vrai que Pon me promet d’obtenir une ordonnance royale par laquelle mon diplòme de docteur en philo- sophie de l’université de Tubingue sera échangé contre celui de Dr ès lettres. Eh bien, si j’arrive ce sera à une place de 2400 fr. par an.