Pagina:Leopardi - Epistolario, Bollati Boringhieri, Torino 1998, II.djvu/737

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rage héroique par lequel vous avez su jusqu’à ce jour dominer vos mal- heurs! Puissiez-vous toujours vous dire comme vous le disiez autre- fois à Pepoli, ché conosciuto, ancor che tristo, ha suoi diletti il vero!1 Soit dit en passant, c’est avec vos beaux vers de l’Epistola al Cc C. Pepoli: «Ben mille volte... oggi ti scalda»2 que j’ai adressé à mes élè- ves mon compliment du jour de l’an. En effet pour conserver la jeu- nesse du coeur, il faut avoir l’àme pure et étre heureux. Ce voeu com- prend donc le bonheur entier. Pour la réputation à obtenir en Allemagne dans le courant de cette nouvelle année, nous en sommes tous les deux à peuprès au mème point. Je m’occupe très sérieusement de vos Miscellanea;5 en quète d’épreuves M. Dubner m’a aidé à redi- ger vos observations sur Celse de arte dicendi et sur Phlégon Trallia- nus, et ce spécimen partira pour Leipzig un de ces jours. Je l’adresse à M. Schoefer, sur la complaisance duquel je puis compier pour vous trouver un libraire payant, et je vous manderai le résultat. M. Thilo, surtout après les renseignements précieux que vous venez de me don- ner, s’empressera sans doute de vous dedier son Synesius tout comme à moi, et je ne doute pas que M. Bunsen à Rome saura dompter ce dragon de Rezzi. Remerciez d’avance M. Bencini de ma part du soin qu’il veut bien donner à la collation du MS. laurentien, et quand son travail sera fini envoyez le moi à Paris; c’est ce qu’il y a de plus sur. D’ici je le ferai parvenir à Halle par un courrier d’Ambassade. Priez Vieusseux de vous donner un mot pour Renouard, afin que je lui rem- bourse ici les frais pour M. Bencini. J’ai encore une autre nouvelle à vous donner qui vous fera peut-etre quelque plaisir. M. Mablin, que j’ai supplée l’année dernière à l’École Normale, après avoir lu avec délices vos Canti et vos Operette, me dit en me les rendant qu’il avait trouvé dans Feliciano de Castilho,4 poète portugais moderne, quelque ressemblance dans la tendance poétique et mélancolique avec vous. Je consultai mon ami Dubeux qui m’indiqua M. de Vasconcellos, Por- tugais exilé pour me procurer chez lui Amor e Melancolia de Castilho. Je trouvai chez M. de Vasconcellos non seulement le livre, mais lui- mème, un homme instruit, et profondément versé dans les littératu- res du midi de l’Europe, avec lequel je me suis de suite mis à lire du Portugais. Sous bande je vous envoie demain un exemplaire de Amor e Melancolia.5 Cela ne vaut pas vos Canti, mais je pense que le volume vous fera plaisir surtout si je vous dis qu’il y a une ressem- blance singulière entre vos destinées et celles du poète portugais. M. F. de Castilho est aveugle par suite de la petite vérole dès sa tendre