Pagina:Leopardi - Epistolario, Bollati Boringhieri, Torino 1998, II.djvu/845

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Monsieur, J’attendais avec impatience le moment de vous remercier de tant de bienveillance; votre reponse sera pour moi un souvenir auquel je reviendrai souvent dans ma vie; votre livre mon manuel de tous les jours, car c’est véritablement le livre de la vie, et malheureusement il y a deux faces dans l’un et dans l’autre, dans la vie cornine dans votre livre. S’il y a une poésie qui chante les delices del primo amore, il y a aussi une poésie qui ouvre les yeux etourdis de l’homme sur cette improba, invitta necessità, cui provveder non puote altri che noi, qui mème dans le calme qui seul réjouit ogni core dopo la tempesta,y lui révèle son destin malheureux; et la seconde m’attriste plus que la pre- mière ne me charme. Mais je suis encore jeune, aussi j’espère; j’espère que dans la Science, plutót dans l’étude je trouverai ce que je cherche, une source de bonheur au moin relatif, je tàcherai de devenir grande senza essere infelice. Je crois mème qu’il n’y a que cela au monde, la science, qui cultivée avec un pur amour puisse rendre mille pour un. Mais aussi pour surmonter les difficultés que de peines: que de fati- gues avant de commencer à jouir, et comment ne serait-il pas permis de se desesperer avant la fin de la tàche. Quoiqu’il arrive, dans l’un et l’autre cas, vos Opere seront toujours mes compagnons fidèles, et j’aurai eternellement à vous remercier de m’avoir procure pour ma vie entière un ami en qui je serais toujours sur de trouver un echo soit à mes joies soit à mes peines. Je me bornerai à ces lignes, je craindrais de m’arroger trop. Ne vous occupez pas, je vous prie, de me répondre, c’est déja assez que vous me lisiez. Ch. Lebreton Oui, mon cher ami, mon jeune élève n’a que trop raison; c’est déjà assez que vous le lisiez, et c’est mème de trop. Voyez donc un peu ce que c’est qu’un collégien de Paris, qui va terminer ses études. Je vous envoie sa lettre comme un objet de curiosité. Dorénavant notre correspondance sera entre vous et moi exclusivement. Adieu encore une fois. Paris, le 24 Novembre, rue des Saints Pères, N° 14, 1836.