Pagina:Camerini - Donne illustri, 1870.djvu/222

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214 Donne illustri.

Qui en mon doux printemps
     Et fleur de ma jeunesse,
     Toutes les peines sens
     D’une extrême tristesse,
     Et a rien n’ay plaisir
     Qu’en regret et désir
     . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour mon mal estranger
     Je ne m’arreste en place;
     Mais j’ay eu beau changer
     Si ma douleur j’efface,
     Car mon pis et mon mieux
     Sont les plus déserts lieux.
Si en quelque sejour,
     Soit en bois ou en prée
     Soit sur l’aube du jour
     Ou soit sur la vesprée,
     Sans cesse mon cœur sent
     Le regret d’un absent.
Si parfois vers les cieux
     Viens à dresser ma veüe
     Le doux trait de ses yeux
     Je vois en une nüe
     Soudain je vois en l’eau
     Comme dans un tombeau.
Si je suis en repos
     Sommeillant sur ma couche
     J’oy qu’il me tient propos
     Je le sens qu’il me touche
     En labeur, en recoy,
     Tousjours es: prest de moy.