Qui en mon doux printemps
Et fleur de ma jeunesse,
Toutes les peines sens
D’une extrême tristesse,
Et a rien n’ay plaisir
Qu’en regret et désir
. . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour mon mal estranger
Je ne m’arreste en place;
Mais j’ay eu beau changer
Si ma douleur j’efface,
Car mon pis et mon mieux
Sont les plus déserts lieux.
Si en quelque sejour,
Soit en bois ou en prée
Soit sur l’aube du jour
Ou soit sur la vesprée,
Sans cesse mon cœur sent
Le regret d’un absent.
Si parfois vers les cieux
Viens à dresser ma veüe
Le doux trait de ses yeux
Je vois en une nüe
Soudain je vois en l’eau
Comme dans un tombeau.
Si je suis en repos
Sommeillant sur ma couche
J’oy qu’il me tient propos
Je le sens qu’il me touche
En labeur, en recoy,
Tousjours es: prest de moy.