Pagina:Giovanni Magherini Graziani Masaccio ricordo delle onoranze.djvu/34

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siècles la direction à l’Art. De lui a Michel Ange, il ne se joue qu’un seul et même drame, s’il y a mille actes divers. C’est en quoi le quatrain fameux d’Annibal Caro reste admirablement vrai, et quand il dit:

L’atteggiai, l’avvivai, le diedi il moto,

je prends ces dernièrs mots dans un sens large et symbolique,tout autre que celui que le poëte a voulu. Je l'entends ainsi: Le diedi il moto, — je donnai à l'Art le mouvement, c’est-à-dire l'impulsion, la force d’aller, de marcher en avant.

Son action fut si vive et si efficace, sa vie si courte, qu'il frappa comme de surprise l’esprit de ses contemporains et des premiers chroniqueurs de l’Art Toscan. Il leur sembla qu’ils avaient vu passer et puis s’enfuir dans la nuit, un météore éblouissant. Il fixa l'attention de telle façon, qu’on le proclama le premier et qu’on le crut le seul, avec cette admiration exclusive jusqu’à l’excès qu’ impose souvent le génie. C’est qu’au moment où il parait, les signes de la renaissance ne sont pas encore très clairs, et une décadence est au contraire évidente: car un long siècle d’action avait épuisé la force vitale et la sève de la grande école de Giotto. Le dernier Giottesques, comme Agnolo Gaddi, se répandaient surabondamment en redites multipliées; malgré le charme puissant d’un Spinello Aretino et de certains bons peintres, on sentait bien que quelque chose de grand avait pris fin. L’Art Toscan attendait une force nouvelle pour reprendre sa marche et s’avancer vers de nouvelles destinées.