Pagina:Giovanni Magherini Graziani Masaccio ricordo delle onoranze.djvu/35

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Il sembla à tout le monde alors que Masaccio, et Masaccio seul, avait donne l'élan attendu. Car ce ne fut assurément aucun de ses prédécesseurs immédiats, de ses contemporains ou de ses premiers successeurs. Ce ne fut ni Masolino da Panicale, ni Taddeo di Bartolo, ni Giovanni Angelico de Fiesole, ni ce singulier et vigoureux esprit Andrea del Castagno, ni ces maîtres exquis Benozzo Gozzoli et Piero della Francesca.

Ce fut lui et lui seul, et dans l’esprit des plus grands et des plus avisés, en son siècle comme au siècle suivant, il occupa et il garda une place unique. Il fut celui qui au jour voulu a dit la parole attendue, et un instant il sembla qu’en cette tête enfantine se résumât tout le genie de la Toscane.

Qu’il soit donc fêté, et noblement, et dignement fêté!

Que soit fêté aussi le Val d’Arno supérieur, vallée sacrée avant toute autre, parmi toutes les vallées sacrées de la Toscane, noble et gracieuse à la fois, fertile en vin et en froment et en troupeaux, ainsi que jadis la louait Tite Live, fertile en hommes rares, bons, subtils, mystiques, en peintres, poëtes, historiens, penseurs, bienfaiteurs à jamais célébrés des hommes de toutes le nations. L’air qu’ on respire là n’est pas l’air dont se nourrissent les hommes ordinaires; c’ est un air délicat, «aria fina», et c’est dans cet air fin que Michel Ange disait avoir aspiré le soufflé du génie. Le sol que l’on y foule doit étre foulé avec respect, en songeant à ceux qui jadis y posèrent le pied: c’est le Casentino, que Dante a chanté, Arezzo où il a passé