Pagina:Giovanni Magherini Graziani Masaccio ricordo delle onoranze.djvu/52

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Dans le sanctuaire intime où nous vénérons les images de nos bienfaisants aînés, dressons une stèle à Masaccio, entre Giotto et Raphaël. Mais vous qui ne pouvez même parmi les beautés souveraines de la chapelle Brancacci oublier les douces merveilles de Saint-Clément de Rome et de Castiglione d’Olona, ne cherchez-vous pas, dans un marbre pareil, une autre figure, celle du maître oublié dont l’élève uniquement illustre absorbe les travaux et la gloire? Masolino s’est perdu en Masaccio, et leur oeuvre si longtemps ne fut qu’une, comme leurs noms ne sont qu’un, à désinence pesante ou délicate.

Qu’ils restent donc unis et divers à la fois; et c’est, devant nous, un hermès à deux faces, dont l’une sourit au passé, l’autre possède orgueilleusement l’avenir: tradition romaine, adoptée par Florence, d’équilibre, de force, de santé, de majesté; tradition byzantine embellie par Sienne, de tendresse, de paix, d’immatérielle pureté. Peu à peu, l’effigie nouvelle s’est précisée, une personne nous apparaît plus vivante, sans que rien soit altéré, en l’autre, des traits qui nous demeurent familiers. Et le pèlerin des rives de l’Olona, profondément incliné devant la stèle majestueuse, et l’ornant de roses pourpres serrées dans une guirlande de lierre, murmure très bas, e comme pour n’être pas entendu: «Grand Masaccio, peintre immortel, oserai-je avouer que je t’aimais plus chèrement encore, lorsque je pouvais te nommer Masolino!».