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Pagina:Goldoni - Opere complete, Venezia 1923, XXII.djvu/190

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182 ACTE SECOND


Dorval. (Toujours du même ton) Vous le perdrez.

M. Géronte. Point du tout; voyons.

Dorval. Vous le perdrez, vous dis-je.

M. Géronte. Je suis sûr que non.

Dorval. Si vous ne le secourez pas, vous le perdrez.

M. Géronte. Qui?

Dorval. Votre neveu.

M. Géronte. (Vivement) Eh! je parle du jeu, moi. Asseyez-vous.

Dorval. (S’asseyant) Oui, je veux bien jouer; mais écoutez-moi auparavant.

M. Géronte. Me parlerez-vous encore de Dalancour?

Dorval. Cela se pourroit bien.

M. Géronte. Je ne vous écoute pas.

Dorval. Vous haïssez donc Dalancour?

M. Géronte. Point du tout; je ne hais personne.

Dorval. Mais si vous ne voulez pas...

M. Géronte. Finissez; jouez; jouons, ou je m’en vais.

Dorval. Encore un mot, et je finis.

M. Géronte. Quelle patience!

Dorval. Vous avez du bien.

M. Géronte. Oui, grâce au ciel.

Dorval. Plus qu’il ne vous en faut.

M. Géronte. Oui; au service de mes amis.

Dorval. Et vous ne voulez rien donner à votre neveu?

M. Géronte. Pas une obole.

Dorval. Par conséquent...

M. Géronte. Par conséquent?...

Dorval. Vous le haïssez.

M. Géronte. (Plus vivement) Par conséquent, vous ne savez ce que vous dites. Je hais, je déteste sa façon de penser, sa mauvaise conduite: lui donner de l’argent ne serviroit qu’a entretenir sa vanité, sa prodigalité, ses folies. Qu’il change de système; je changerai aussi vis-à-vis de lui. Je veux que le repentir mérite le bienfait, et je ne veux pas que le bienfait empêche le repentir.

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