Pagina:Goldoni - Opere complete, Venezia 1923, XXII.djvu/191

Da Wikisource.

LE BOURRU BIENFAISANT 183

Dorval. (Après un moment de silence, paroit convaincu et dit fort doucement) Jouons, jouons.

M. Géronte. Jouons.

Dorval. (En jouant) J’en suìs fâché.

M. Géronte. (En jouant) Echec au roi.

Dorval. (En jouant) Et cette pauvre fille?...

M. Géronte. Qui?

Dorval. Angélique.

M. Géronte. Ah! pour celle-là, c'est autre chose. Parlez-moi de cela. (il laisse le jeu)

Dorval. Elle doit bien souffrir aussi.

M. Géronte. J’y ai pensé, j’y ai pourvu; je la marierai.

Dorval. Tant mieux. Elle le mérite bien.

M. Géronte. Voilà, par exemple, une petite personne accomplie, n’est-ce pas?1

Dorval. Oui.

M. Géronte. Heureux celui qui l’aura. (il rêve un instant, et se lève en appellant) Dorval!

Dorval. Mon ami.

M. Géronte. Ecoutez.

Dorval. (Se levant) Eh bien?

M. Géronte. Vous étes mon ami.

Dorval. Oh! sûrement.

M. Géronte. Si vous la voulez, je vous la donne.

Dorval. Quoi?

M. Géronte. Oui, ma nièce.

Dorval. Comment?

M. Géronte. (Vivement) Comment! comment! étes-vous sourd? Ne m’entendez-vous pas? Je parle clairement. Oui, si vous la voulez, je vous la donne.

Dorval. Ah! ah!

M. Géronte. Et, si vous l’épousez, outre sa dot, je lui donnerai cent mille livres du mien. Hem? Qu’en dites-vous?

  1. Nel testo c’è il punto esclamtivo.