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LETTRE

OU

DISCOURS DE M. CHAPELAIN

À MONSIEUR FAVEREAU CONSEILLER DU

Roy en sa Cour des Aydes, portant son opinion sur le Poëme

d'Adonis du Chevalier MARINO.


Je sçavois des-ja par vous mesme, et par Monsieur le Chevalier Marin, la volonté où vous estiez de recueillir ensemble les doctes et particulières Observations que vous avez faictes sur son Poëme d’Adonis, et me resjouyssois, cette belle Piece ayant à sortir au jour, qu’un si rare Esprit eust pris le soing de nous en descouvrir curieusement la richesse et l’excellence; l’ors que j’ay receu par la vostre la confirmation de ce que j’en avois creu jusqu'icy; mais en telle sorte qu’il semble que vous attendiés ma response, pour sçavoir si je pense que le travail vous en doive estre honnorable, et si l’oeuvre à mon opinion vaut que vous y donniez du temps. À quoy je vous diray que je m’estonne de deux choses grandement: l’une que vous puissiez monstrer de douter tant soit peu maintenant d’un ouvrage que vous sçavez estre de ce grandhomme, lequel il vous a communiqué luy mesme, et dont vous avez tant de fois, moy présent, quand il nous en faisoit la lecture, admiré et readmiré les beautez; comme si n’estant plus vous mesme, vous commenciez tout seul à ne pas cognoistre que les oeuvres du Marin sont sans reproche, et qu’elles portent en son nom leur inviolable passe-port. L’autre chose qui m’estonne encore d’avantage, c’est, posé que le mespris que le Chevalier