Pagina:Rivista di Scienza - Vol. II.djvu/157

Da Wikisource.

la fonction du sommeil 149
2. Ces théories ne tiennent pas la promesse qu’elles avaient faite de rendre compte du cycle de la veille et du sommeil, de l’enchainement et de l’alternance de ces deux états. Sans doute, elles nous montrent pourquoi le sommeil s’installe, mais elles ne vont pas plus loin, et elles ne nous montrent pas pourquoi le sommeil dure. D’après les théories chimiques, l’alternance de la veille et du sommeil devrait être à courtes phases, comme la respiration ou le Cheyne-Stokes. En effet, si le sommeil commence au moment où la toxicité on l’usure des tissus cérébraux ont atteint un certain maximum, il est bien évident que, cette toxicité ou cette usure diminuant aussitôt que le sommeil a commencé, ainsi que l’admettent ces théories, leur intensité tombe au-dessous du maximum engendreur du sommeil, et que par conséquent l’individu doit se réveiller pour se rendormir aussitôt après, dès que quelques instants de veille auront reporté l’usure ou la toxicité au maximum hypnotique.
3. Les théories chimiques ont plus ou moins implicitement admis que le sommeil restaurait. Le sommeil restaure en effet, non seulement en tant qu’il est un repos, mais il restaure en tant que sommeil. Or, on ne voit pas du tout, d’après les théories chimiques, d’où pourrait provenir cette action restauratrice du sommeil. Car, le sommeil et la veille n’étant pas à courtes phases, le déblayage des substances toxiques dans le sang ne peut se faire convenablement que si la cause du sommeil est autre que l’envahissement même du sang par ces toxiques.
4. Si l’épuisement était la cause du sommeil, le sommeil devrait marcher de pair avec l’épuisement. Mais ce n’est pas le cas. On peut dormir sans être épuisé, ni même fatigué (ainsi les employés à leur bureau; les enfants en bas âge); on peut au contraire se fatiguer beaucoup (les vieillards) ou être réellement épuisé (les neurasthéniques) et ne dormir que peu ou souffrir d’insomnie.
5. La volonté, l’intérêt peuvent retarder le sommeil. Si au moment où nous nous endormons on nous dit que notre maison brûle, nous n’avons plus aucune envie, ni même aucun besoin de dormir. Fait capital, d’une banalité aveuglante, et que cependant aucune théorie n’a envisagé. Or il est bien évident que si le sommeil est l’aboutissant fatal d’un processus d’intoxication, la volonté ni l’intérêt ne le pourront dissiper