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théorie de Salmon n’y répond pas. Pourquoi la sécrétion neutralisatrice de l’hypophyse nécessiterait-elle, pour s’effectuer, un état de léthargie, tandis que toutes les autres sécrétions internes se font au cours de la veille elle-même, c’est ce qu’on ne comprend pas. Il est évident que si le sommeil n’est pas utile comme tel à l’animal, il serait bien préférable pour lui que la neutralisation de ses toxines se fît au fur et à mesure de leur formation1.

La théorie biologique que je viens de résumer, outre qu’elle rend compte de tous les faits — parmi lesquels il faudrait citer encore l’état mental du rêveur — a encore ce caractère, qui est le propre d’une bonne théorie, de suggérer des problèmes nouveaux. L’un de ces problèmes est celui de l’origine phylogénétique du sommeil. Quand et pourquoi le sommeil a-t-il apparu dans la race? J’ai essayé de montrer qu’on pouvait donner à cette question une solution — hypothétique, sans doute, mais rationnelle — en faisant dériver le sommeil de la fonction inhibitrice de défense qui joue un si grand rôle dans la lutte pour l’existence, chez les animaux.

Un autre problème est celui des relations entre le sommeil hibernal et le sommeil journalier. Notre conception biologique permet de faire dériver d’une façon très naturelle l’un de ces sommeils de l’autre.

Enfin, si l’on applique cette conception nouvelle à l’étude des phénomènes hystériques, on arrive à saisir en quoi ces phénomènes, sont semblables à ceux du sommeil, auxquels ils ont été souvent comparés. Il est inutile d’exposer ici ces considérations qui ont été développées dans mon Esquisse.

Je voudrais seulement, avant de terminer, appeler l’attention sur les travaux d’autres auteurs, qui ont proposé des théories analoques à la mienne, avant moi, ou simultanément,

  1. Je n’entre pas ici dans la question de savoir si la sécrétion pituitaire a oui ou non les propriétés physiologiques que lui attribue Salmon. Son opinion a été critiquée par Gemelli (Su l’ipofisi delle marmotte durante il letargo, C. R. del R. Istituto Lomb. di sc. e lett., 1906, et Nuove osservazioni su l’ipofisi delle marmotte, Biologica, I). Ce dernier auteur admet bien que la sécrétion pituitaire a une fonction antitoxique, mais ayant constaté que l’hypohyse s’atrophie pendant le sommeil hibernal, il est arrivé à penser que sa sécrétion ne s’exerce pas pendant cette période. Le sommeil hibernal étant de même nature que le sommeil journalier, on ne saurait donc admettre que cette sécrétion cause le sommeil.