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partie de la question que nous entreprendrons de répondre en premier lieu.

En France, on a connu Sadi Carnot, d’abord à travers Clapeyron, puis à travers Clausius. À Clapeyron nous devons l’introduction en thermodynamique du diagramme volume-pression qui n’est autre que celui de l’indicateur de Watt. Il a donne le premier, la représentation graphique du cycle d’opérations que décrit la machine parfaite de Carnot. Et il a exposé et développé les idées de Carnot, au point d’en tirer des conséquences intéressantes; aussi son commentaire a-t-il longtemps commandé tout l’exposé élémentaire du principe de Carnot. Il en est résulté que l’idée de «cycle de Carnot» et de représentation graphique de ce cycle, au lieu de rester l’idée d’un mode de raisonnement admirablement simple, mais enfin d’un simple mode de démonstration, a fini par masquer l’idée du principe même. Il y a une vingtaine d’années, lorsque dans des traités semi-élémentaires, — intermédiaires entre l’ouvrage de physique destiné aux étudiants d’universités et l’ouvrage didactique écrit pour les commençants — on voulait donner de la théorie de la chaleur une idée un peu complète et qui ne se bornât pas exclusivement aux déterminations de l’équivalent mécanique, on ne manquait pas de consacrer au «cycle de Carnot» une place qui eût été plus utilement réservée à quelques considérations générales sur le principe de Carnot dans le cas des phénomènes irréversibles, et sur la dissipation ou la dégradation de l’énergie.

L’impression laissée dans l’esprit par de tels ouvrages, est que, tandis que l’on gardait une notion concrète de la conservation de l’énergie, sans estimer qu’il fut nécessaire d’avoir présente à l’esprit aucune démonstration mathématique, on ne jugeait pas possible d’énoncer l’idée essentielle qui constitue le principe de Carnot sans le secours d’un appareil algébrique peu aisément accessible. Dans les livres tout à fait modernes, au contraire, et dont quelques uns sont excellents, on a pu rendre familière, même à l’enseignement élémentaire, l’idée du second principe sous la forme d’idée de la dégradation de l’énergie.

Mais Clausius est responsable, pour une part peut-être plus grande encore, de la lenteur qu’a mise à se répandre le principe de Carnot. Si la gloire lui appartient, sans conteste, d’avoir dégagé des idées inexactes qui y étaient mélées, le